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Comment lutter contre la résistance des bactéries aux antibiotiques ?

Comment lutter contre la résistance des bactéries aux antibiotiques ?

Les antibiotiques ont pour propriété de tuer ou de limiter la multiplication des bactéries. Ils ont constitué au XXe siècle une véritable avancée médicale, permettant de soigner efficacement de nombreuses infections bactériennes. Mais l'avancée connaît maintenant sa contrepartie : les bactéries peuvent en retour développer des systèmes de défense rendant parfois obsolète l'usage d'antibiotiques. Au départ anecdotiques, ces résistances se sont accrues laissant craindre une impasse thérapeutique. Comment éviter cette "antibiorésistance" ?

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Attention aux prescriptions abusives

Plus une personne prend d'antibiotiques, et plus la pression dite de sélection est grande sur les bactéries. Cette pression conduit les bactéries à modifier leur structure afin de résister au médicament jusqu'à ne plus y être sensible. Certaines souches bactériennes appelées bactéries multi-résistantes (BMR) sont même insensibles à un grand nombre d'antibiotiques. Ces phénomènes de résistance sont mondiaux. Toutefois, en Europe, la situation est particulièrement préoccupante en France, gros consommateur d'antibiotiques.

Au début des années 2000, le pays était même le premier consommateur en Europe. Une campagne de sensibilisation avec le fameux slogan "les antibiotiques, c'est pas automatique" a été mise en place. Elle a porté ses fruits, reléguant la France à la quatrième place en 2010. Mais la consommation d'antibiotiques y dépasse encore de 30 % la moyenne européenne. En cause : la vision culturelle prégnante des antibiotiques comme médicaments "magiques". Et donc prescrits pour toutes sortes d'infections y compris virales comme le rhume ou la grippe, alors qu'ils n'ont aucune efficacité sur les virus. L'inadaptation de la prise d'antibiotiques, c'est-à-dire une prise trop courte/longue ou interrompue, figure aussi au banc des accusés.

Préserver le plus longtemps l'efficacité des antibiotiques est le principal moyen de lutter contre les antibiorésistances et de ne pas se retrouver en situation d'échec thérapeutique. N'hésitez pas à questionner votre médecin sur la nécessité de prescrire ou non des antibiotiques. Un effort a été demandé aux professionnels de la santé afin de distinguer une infection bactérienne d'une infection virale. Des tests de dépistage de certaines infections (angine, grippe, paludisme, etc.) existent. Depuis juin 2013, vous pouvez vous rendre chez le pharmacien afin d'effectuer le test de diagnostic rapide de l'angine et de la grippe. Mais ces tests sont encore sous-employés en France.

Recherche médicale, traitements complémentaires... une lutte sans fin ?

La baisse de la consommation d'antibiotiques a eu cependant un effet négatif : les laboratoires ont diminué leurs recherches et par conséquent l'arrivée de nouveaux antibiotiques. En mai 2012, doté d'un fonds de 223 millions d'euros, une initiative appelée "New drugs 4 bad bugs" a été lancée en Europe afin de développer de nouveaux médicaments.

Des équipes de chercheurs tentent en outre de trouver un moyen de non plus tuer la bactérie, mais de bloquer ses effets pathogènes. Ce mode thérapeutique dit "antivirulent" permettrait d'éviter d'exercer une pression sur la bactérie, une solution donc a priori plus pérenne, qui empêcherait la bactérie d'acquérir une résistance.

Une thérapie alternative se propose de faire appel à des... virus ! Certaines bactéries ne sont pas à l'abri d'infections virales : la phagothérapie consiste à utiliser les phages c'est-à-dire ces virus infectant les bactéries et détruisant leurs effets pathogènes en s'y reproduisant. Fait intéressant et positif : les phages détruisent spécifiquement les bactéries néfastes sans affecter les autres. Pour l'instant, malgré les espoirs qu'elle suscite et les résultats prometteurs des essais cliniques, la phagothérapie n'en est qu'à ses débuts – même si certains pays se servaient des phages avant même l'apparition des antibiotiques – et doit encore faire ses preuves.

Enfin, le lavage systématique des mains au savon et à l'eau à la sortie des toilettes reste une mesure fondamentale pour lutter contre la propagation des bactéries résistantes.

bactéries

Bon à savoir

  • La majorité des cas d'antibiorésistance est observée à l'hôpital. Par ailleurs, la moitié des antibiotiques consommés en France par l'homme l'est à l'hôpital.
  • Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la moitié de la production mondiale d'antibiotiques est destinée aux animaux. L'abus de ces médicaments peut, comme chez l'homme, mener à l'apparition de bactéries résistantes. Celles-ci sont transmissibles à l'homme, que ce soit par contact direct ou indirect via la chaîne alimentaire. Aux États-Unis, les éleveurs donnent systématiquement des antibiotiques au bétail afin d'accélérer sa croissance. Cette pratique – l'usage d'antibiotiques comme facteurs de croissance animale – est interdite en Europe depuis 2006.
  • La France relaye depuis 2008 la Journée européenne de sensibilisation au bon usage des antibiotiques qui a lieu chaque 18 novembre. 
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