Suggestions

Spécialités les plus consultées

Suggestions

Choisissez une région

Espace Pro
/ / / Le très lucratif tourisme de transplantation d'organe

Le très lucratif tourisme de transplantation d'organe

Rédigé par , le 14 March 2014 à 17h57

Vous aimez cet article ?

40 000 personnes meurent en moyenne chaque année dans l'attente d'une greffe

Le manque d’organe a des conséquences funestes parmi les patients en attente de greffe. Au sein de l’Union Européenne, ce sont près de 4000 personnes qui meurent en moyenne chaque année car elles n’ont pas reçu d’organe. À la fin 2011, 69000 citoyens étaient toujours en attente d’un rein. Les complications liées à la pénurie d’organes dans les pays développés ont abouti à l’apparition d’un trafic international avec les pays pauvres dans les années 80. Dès 1991, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) adopte le principe de l'interdiction du commerce d'organes : "Le corps humain et ses organes ne peuvent être l'objet de transactions commerciales. De ce fait, donner ou recevoir un paiement (incluant toute forme de compensation ou de récompense) pour des organes doit être interdite".

Depuis, rien ou peu a changé. Un nombre toujours plus important de malades vont acheter, dans des pays pauvres, des organes provenant de donneurs vivants. Les clients « riches », souvent désespérés par la situation, sont poussés par la peur de mourir ou de perdre un être cher. Ils sont alors prêts à mettre n’importe quel prix pour parvenir à leurs fins. Les donneurs, poussés par la pauvreté, sont prêts à sacrifier contre quelques milliers ou centaines d’euros, un rein ou une cornée, quitte à rester ensuite sans soins.

Un tourisme boucherie

Face au manque d'organe, un tourisme de transplantation s'est institu?.Une étude publiée en 2007 par Yosuke Shimazonode de l’université d’Osaka désigne les pays suivant comme les principaux clients du tourisme de transplantation : l’Arabie Saoudite, l’Australie, le Canada, les Etats-Unis, l’Israël, le Japon et le Sultanat d’Oman. La même étude désignait le Brésil, la Chine, la Colombie, le Pakistan et les Philippines comme les premiers pays à accueillir ce tourisme.

Selon l’OMS, ces pratiques représenteraient à l’heure actuelle près de 10% du total des greffes de reins sur la planète. Ce trafic qui dans sa forme historique ne concernait que le prélèvement, a évolué dans les années 80  pour finir par se transformer en un véritable « tourisme de transplantation ». Des patients venant de pays développés se déplacent dans des cliniques de l’autre côté de la planète pour se faire transplanter un organe, moyennant plusieurs milliers de dollars (le prix d’un rein peut varier entre 80 000 et 200 000 euros, suivant la personne qui vend, celle qui l’achète, le lieu de la transaction et de la transplantation).

Une opération risquée pour donneur... et receveur

Les conséquences sont souvent désastreuses pour le donneur qui ne reçoit pas les soins adaptés à un prélèvement d’organe. Par ailleurs, on ne compte plus le nombre d’histoires déroutantes à travers la planète, sur l’organisation de réseau, où les « donneurs » sont forcés à céder un organe. Ces réseaux sont parfois organisés à un niveau étatique comme en Chine où le prélèvement d’organes est souvent effectué sur des prisonniers politiques. Mais les conséquences peuvent aussi être dramatiques pour le patient qui reçoit l’organe. Comme cette femme d’origine chinoise en attente de se faire greffer un rein dans un hôpital parisien il y a quelques années. Elle s’est vue offrir par sa famille la greffe d’un rein dans son pays d’origine. Une fois l’opération effectuée et rentrée en France, les médecins se sont rendu compte que le rein greffé développait un cancer.

Des lois peu efficaces face à la peur de mourir

Les lois sont inadaptées à ce trafic.Suite aux recommandations faites par le conseil de l’Europe et des Nations Unies en octobre 2009, la décision a été prise de mettre en place un appareil juridique international établissant une définition du trafic d’organes, de tissus et de cellules, et énonçant les mesures à prendre pour prévenir ce trafic et protéger ses victimes. Cet outil reprendrait par ailleurs un certain nombre de grands principes quant à l'utilisation des organes : principes du consentement du donneur, de la gratuité, de l'anonymat, de l'interdiction de publicité ainsi que de sécurité sanitaire et de biovigilance. Depuis, la proposition ne semble pas avoir été suivi d’acte.

Vous aimez cet article ?
L'auteur
Anthony Laforce

Anthony Laforce

Rédacteur en chef

Bio

Anthony Laforce est le créateur du journal d'actualités santé d'Allo-Médecins et son rédacteur en chef actuel. Voir plus

commentaires