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Une école pas (tout à fait) comme les autres

Rédigé par , le 30 March 2014 à 07h54

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Allo-Médecins est parti à la rencontre des professeurs mais également des élèves de l'établissement scolaire EREA Toulouse-Lautrec. À quoi ressemble l'enseignement pour un enfant handicapé et quels sont les dispositifs à mettre en place ? Allo-Médecins vous offre une petite visite.

Le centre EREA Toulouse Lautrec est beau cadre pour les enfants handicapés.

ERE. Quoi?

L’accueil des personnes handicapées en milieu scolaire s’avère une question clé. Beaucoup d’établissements, de centres d’accueil, de services sont disponibles pour accueillir des enfants aux pathologies diverses. Parmi ces organismes, pas toujours en nombre suffisant d’après les témoignages de parents d’enfants handicapés, les Établissements Régionaux d’Enseignement Adapté (EREA) tiennent une place toute particulière. Leur mission est d’accueillir des enfants et des adolescents en grande difficulté scolaire et sociale, ou présentant un handicap.

Leur spécificité réside dans la prise en charge éducative de jeunes en situation de handicap sensoriel ou moteur, renforcée par la présence d’un centre de soins et de plateaux techniques. Les formations dispensées dans ce type d’établissements suivent le programme de l’éducation nationale, offrant un enseignement pouvant aller de l’école primaire au lycée professionnel, général ou technique. Par ailleurs, la rencontre entre enseignement et handicap pousse ces centres à développer des stratégies pédagogiques au plus près des besoins de l’enfant, alternant différenciation, individualisation et soutien. À ce titre, les EREA disposent pratiquement tous d’un internat, permettant d’accueillir des enfants qui viennent souvent de loin.

Parmi les 80 EREA répartis sur la France métropolitaine, cinq accueillent des élèves présentant un handicap moteur, dont l’EREA Toulouse Lautrec situé à Vaucresson dans la banlieue ouest-parisienne. Je suis allé à la rencontre du personnel éducatif de l’école primaire pour vous rapporter leur mission au quotidien.

"Bienvenue à l'EREA Toulouse Lautrec !"

L’EREA Toulouse Lautrec, c’est avant tout 380 jeunes qui sont accueillis dont 250 handicapés. Pas moins de 125 élèves dorment à l’internat.

Près de 115 personnes travaillent au centre de soins qui est intégré à la structure, dont trois médecins généralistes, un psychiatre et cinq médecins de rééducation fonctionnelle. Par ailleurs, j’ai pu visiter dans l’établissement quatre salles de kiné qui accueillent une cinquantaine de stagiaires chaque année, un centre d’ergothérapeutes qui s’occupe de tous les aménagements matériels nécessaires au développement de l’autonomie chez l’enfant ou l’adolescent.  Pascal Marin, le directeur de l’école primaire m’a emmené à la rencontre des orthophonistes et de l’équipe des médecins psychomoteurs qui sont présents à longueur d’année. L’infirmerie réunit pour sa part, cinquante infirmières qui viennent compléter ce dispositif de soin.

Une des salles de kiné à l'EREA Toulouse-Lautrec

Tous ces aménagements médicaux ne sont pas l’objectif premier de ce centre. En effet, réunissant école primaire, collège et lycée, il est avant tout un lieu de pédagogie et d’éducation, la présence d’un centre de soins étant prévu pour accompagner les enfants qui nécessitent constamment d’être pris en charge par le corps médical.

Apprendre à grandir avec son handicap

J’ai pu me rendre compte, à travers les personnes rencontrées sur place, que l’un des objectifs majeurs mis en œuvre dans l’EREA est de faire gagner en autonomie, ces adultes en devenir. L’ensemble du personnel travaille de consort pour que l’enfant apprenne à grandir avec son handicap et dans l’esprit que l’on peut pallier aux gênes occasionnées par ce dernier.
Pour ce faire et pour pouvoir concilier temps scolaire et soins, un travail individualisé est mis en place pour chaque élève qui bénéficie alors d’un temps avec son enseignant pour rattraper les cours qui ont eu lieu durant son absence.

Une classe de CM2 en plein apprentissage des fractions.

Par ailleurs, la présence d’un AVS (assistant de vie scolaire) n’est pas automatique, mais peut être nécessaire pour accompagner l’élève dans ses tâches quotidiennes. Là encore, l’enjeu est d’apprendre à l’enfant à gérer ses besoins. Un des enseignants que j'ai rencontré m’a expliqué que l’ensemble des dispositifs pédagogiques, matériels et humains devaient permettre une fois arrivés à l’âge adulte, aux jeunes présents dans cette classe, d'être capables de demander à une personne de faire ce que leur handicap leur interdit et de l’exprimer de la manière la plus claire possible.

L'informatique, une révolution dans l'enseignement

L’informatique a révolutionné l’enseignement dans le domaine du handicap moteur. Certaines pathologies comme l’Infirmité Motrice Cérébrale ou encore certaines formes de myopathies ne permettent pas l’usage d’outils scolaires classiques. Le projet éducatif conçoit donc l’informatique comme un outil usuel à la portée de tous, rendant possible l’apprentissage des concepts fondamentaux, qu’il s’agisse de français ou de mathématique.

L’usage d’outils numériques permet à l’enfant de travailler seul, l’ordinateur se faisant le relais de l’enseignant. Chaque élève ne peut aborder les problèmes de la même façon en fonction de son handicap. Pourtant, le degré de difficulté des exercices est adapté au niveau de la classe et non à celui de l’élève. C’est ici que réside l’intérêt de l’outil informatique : là où, dans une école ordinaire, les élèves utilisent, règles, papier, ciseaux, colle et crayons, l’élève handicapé manipule un clavier, une souris ou un écran adapté à sa maladie pour réaliser les mêmes choses ; il en va ainsi pour le séquençage des mots, l’apprentissage de l’heure ou même faire de la géométrie à l’aide d’un équerre numérisée sur l'écran.

Clavier adapté à un enfant handicapé au centre EREA Toulouse-LautrecNéanmoins, si certains élèves ne peuvent se passer de l’ordinateur, la majorité de leurs camarades sont encouragés à utiliser l’écriture manuelle. Dans bien des cas, ils devront savoir manipuler un stylo, ne serait-ce que pour remplir des formulaires administratifs. Il y a encore du chemin à parcourir pour que la vie soit facilitée au quotidien pour un handicapé, cependant, la motivation, la ferveur et l’engagement des personnes rencontrées dans cet établissement m’autorisent à espérer le meilleur pour cette génération.

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L'auteur
Anthony Laforce

Anthony Laforce

Rédacteur en chef

Bio

Anthony Laforce est le créateur du journal d'actualités santé d'Allo-Médecins et son rédacteur en chef actuel. Voir plus

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