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La sélection arbitraire des étudiants en médecine qualifiée de « gâchis humain »

Rédigé par , le 15 May 2014 à 15h00

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Le concours Paces à Bordeaux en 2012

Le concours Paces à Bordeaux en 2012

La sélection sévère des concours de médecine révolte Monique Sassier, médiatrice de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur. L’exclusion des étudiants est alors une abomination pour certains, devant le fléau des déserts médicaux. 

Du dégoût et de la colère : c’est ce que ressent Monique Sassier, médiatrice de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur. Elle regrette amèrement la sélection arbitraire des étudiants en médecine, et qualifie dans son rapport 2014 la première année commune aux études de santé (Paces) de « fabrique d’exclus » et « gâchis humain ».

Sentiment d’abandon pour les étudiants en médecine

Le numerus clausus : voici ce que dénonce le rapport. Le nombre d’étudiants admis en deuxième année de médecine est limité et ne sera dépassé en aucun cas, même si davantage d’étudiants ont largement le niveau. A titre d’illustration, parmi les 56 000 meilleurs bacheliers, seuls 12 807 lauréats (dont 7 492 en médecine) sont gardés après un an de travail acharné à la faculté. Si le nombre de reçus varie selon les filières, cela correspond au total à 43 000 déçus tous les ans. Les universités parisiennes marquent des records avec 80 % des bacheliers avec « mention bien » et 20 % pour les « très bien » recalés.

C’est en voyant le désespoir de certains étudiants que la médiatrice a réagi. L’un d’eux lui a envoyé une lettre d’appel au secours en septembre 2013 : « Après deux échecs au concours Paces, j'ai déposé une candidature en licence de sciences du vivant biologie-biochimie et n'ai eu que des refus. Je ne sais plus quoi faire. Titulaire d'un bac scientifique mention “bien”, je n'arrive même pas à m'inscrire dans une autre filière de l'université », écrivait-il. Monique Sassier a décompté 300 saisines de ce type ces dernières années. Elle affirme alors « il faut donc prendre à bras-le-corps ce problème que tout le monde, étudiants, familles, universités, connaît ». Les universitaires se sentent abandonnés : ils doivent renoncer à leur vocation, force de découragement, et trouver une autre filière qui s’avère parfois aussi sélective ou ne correspond pas à leur envie.

« Il faut accélérer les réformes »

La prévention dès la terminale : voici ce que propose la médiatrice. Il faut informer les élèves de la difficulté et l’intensité de ces études. Les professeurs doivent être à même de les conseiller, voire de les réorienter vers d’autres filières scientifiques telles que les mathématiques, la physique ou l’ingénierie. Ces domaines manquent cruellement de candidats, face à la médecine qui s’avère reconnue comme noble et prestigieuse.

Remise de diplôme à Montpellier, une satisfaction (trop) rare

Une deuxième proposition, qui porte sur cette première année d’étude est avancée. Monique Sassier demande à ce que les savoirs acquis pendant l’année puissent être valorisés ailleurs en cas d’échec. De plus, les étudiants sont victimes d’une injustice avec le système de notation qui varie d’une université à l’autre. Elle soumet ainsi l’idée que soient associés au jury des concours des enseignants des autres domaines scientifiques. La médiatrice admet toutefois, bien que ce ne soit pas suffisant, que la loi Fioraso du 22 juillet 2013 permet d’encourager la pluridisciplinarité et favoriser les passerelles avec les filières scientifiques en Paces. Elle martèle alors : « il faut accélérer les réformes ».

L’échec est-il finalement le lot de tous les concours et filière sélective ? Cette exclusion parait pourtant absurde lorsque le corps médical dénonce sans cesse les déserts médicaux et le manque de personnel au sein des hôpitaux. Anesthésistes ou obstétriciens sont également des professionnels spécialisés en nombre insuffisants et expliquent les listes d’attentes s’étalant sur des mois et des mois.

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L'auteur
Clémentine Billé

Bio

Clémentine Billé est rédactrice, spécialisée dans les questions sociétales relatives à la santé.Voir plus

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