Incontinence urinaire, toujours tabou malgré sa fréquence
Rédigé par La Rédaction , le 09 November 2017 à 11h46
L'incontinence urinaire reste un sujet tabou
Touchant plus fréquemment les femmes, l’incontinence urinaire est caractérisée par la perte involontaire d’urines par les voies naturelles. En France, plus de trois millions de Françaises sont touchées par ce problème, soit une femme sur quatre. Or, elles ne sont que 40% à avoir consulté un médecin pour être traitées.
Entre honte, fatalisme et méconnaissance des traitements
Le Pr François Haab, urologue à l’Hôpital Diaconesse de Paris, s’insurge contre la situation actuelle. De nombreuses personnes restent persuadées que l’incontinence urinaire représente une étape normale dans la vie des femmes, à l’instar des menstruations. Des produits censés les protéger contre les fuites urinaires font même l’objet de publicité. Pourtant, ce trouble n’a rien de physiologique.
Professeur d’urologie qu’il est, François Haab considère que ces publicités sont mensongères. D’ailleurs, il a saisi le CSA concernant deux publicités sur ces produits contre l’incontinence urinaire. Celles-ci font que ce trouble demeure un tabou. Pour preuve, beaucoup de patientes devant être opérées préfèrent mentir à leur entourage et demandent à ce que leur problème soit qualifié de gynécologique.
Une étude réalisée par le Dr Linda Brubaker de l’Université de San Diego et publiée dans la revue Jama avance plusieurs raisons. D’abord, les personnes touchées ressentent de la honte. Elle a également remarqué que la méconnaissance des traitements disponibles conduit à une forme de fatalisme. Ainsi, les patientes privilégient les manœuvres de contournement plutôt que de consulter un médecin.
Pathologie touchant les seniors mais aussi les plus jeunes
L’incontinence urinaire touche souvent les personnes âgées. Ayant peur de sentir mauvais en public, certaines s’isolent progressivement. Cependant, cette pathologie peut aussi affecter les jeunes adultes. Chez les femmes, elle survient en général après la naissance d’un enfant ou un problème de surpoids. Par contre, chez les hommes, elle est consécutive à une opération de la prostate.
Le choix de l’option thérapeutique à mettre en œuvre dépend du type d’incontinence urinaire. Dans le cas d’une incontinence d’effort, les médecins proposent en premier lieu la rééducation à leurs patientes. En l’absence de résultats concrets, la chirurgie constitue la deuxième option. Par contre, l’incontinence par urgenterie peut être traitée par des stimulations électriques ou une injection de Botox dans la vessie.
Malheureusement, toutes les incontinences urinaires ne se soignent pas. Toutefois, la majorité se soulage. Dans ce dernier cas, le Pr François Haab met plutôt l’accent sur la satisfaction des patientes. L’essentiel est qu’elles arrivent à avoir une vie quasiment normale malgré quelques petites fuites. Une étude révèle que 80% sont satisfaites du traitement anticholinergique.