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ADN synthétique : vers l’homme génétiquement modifié

Rédigé par , le 09 May 2014 à 15h00

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Arrêter des criminels, avoir une nouvelle source d'énergie, stocker des données : l'ADN modifié regorge de possibilités

Arrêter des criminels, avoir une nouvelle source d'énergie, stocker des données : l'ADN modifié regorge de possibilités

Des chercheurs américains ont réussi à améliorer de l’ADN. Si l’idée d’un homme génétiquement modifié fait peur, l’ADN amélioré pourrait pourtant avoir des utilisations concrètes, à commencer par l’aide à l’arrestation de criminels.

C’est un « cap symbolique historique » se réjouit Philippe Marlière, un des spécialistes français de l’ADN. Il s’agit en effet d’une première : des scientifiques américains ont créé un brin d’ADN (acide désoxyribonucléique). Si cette nouveauté permettra le développement de la biologie de synthèse, elle peut d’ores-et-déjà avoir des applications concrètes.

Deux nouveaux éléments injectés dans l’ADN

L’ADN est composé de quatre éléments, qui fonctionnent par paires. Il y a donc l’adénine (A) et la thymine (T) d’un côté, puis la cystosine (C) et la guanine (G) de l’autre. Ces éléments forment  des suites, via un agencement spécifique qui donne lieu à des codes. Chacun d’entre eux est unique, ce qui explique la diversité de l’être humain.

Les chercheurs sont parvenus cette fois-ci à créer deux nouveaux éléments non-naturels et à les intégrer dans la double hélice que forment les deux paires d’éléments une fois entremêlées. A leur grande surprise, plus de 90 % des organismes issus de la bactérie modifiés a reproduit ces éléments synthétiques.

Arrêter les criminels grâce à l’ADN modifié

Outre le débat sur les OGM, et sur l’idée quelques peu futuriste de l’HGM (homme génétiquement modifié), c’est l’application concrète qui nous intéresse dans cette découverte. Cette technologie a déjà été testée rarement mais avec succès. En février 2013 par exemple, un homme qui agressait des facteurs et volait leur colis à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis) avait été interpellé par la police scientifique. Celle-ci avait déposé de l’ADN synthétique sur les cartons, qui s’est simplement répandu sur les vêtements du délinquant. Une simple lampe à ultraviolet a suffi pour détecter ces traces et arrêter le voleur. L’idée est de désormais utiliser cette technique à grande échelle. “Dans un avenir proche, on pourrait imaginer l’utilisation de l’ADN synthétique pour identifier les auteurs d’émeutes urbaines”, confiait par exemple à Europe 1 Laurent Pène, ingénieur en chef au laboratoire de l’Institut national de la police scientifique à Lyon.

L'homme qui volait des colis aux facteurs arrêté grâce à l'ADN synthétique

Plus incroyable encore, l’ADN synthétique pourrait devenir une source d’énergie, notamment pour le fonctionnement des voitures. La bactérie E-Coli est connue en France pour avoir contaminé des steaks surgelés. Des scientifiques américains lui ont trouvé un tout autre usage : ils tentent ainsi de « faire travailler » cette bactérie pour qu’elle transforme la cellulose présente dans les végétaux en biodiesel. C’est Jay Kiesling, un chercheur de l’université de Californie, qui réussit en premier a modifié la E-Coli en 2010. En 2012, il la rendait trois fois plus efficace.

Un réel espoir de coloniser Mars ?

Une dernière utilisation ? Le stockage de données ! Selon les chercheurs, l’ADN pourraient remplacer à long terme les disques durs. Ils estiment que des quantités inimaginables de données pourraient être stockées dans seulement quelques grammes de molécules. Cette idée n’est pas si farfelue : pour preuve, début 2013, l’équipe de Nick Goldman avait inscrit, puis décodé un extrait du discours « I have a dream » de Martin Luther King, un article fondateur sur la structure de l’ADN, la totalité des sonnets de Shakespeare et une photo de l’institut de recherche. Tout cela sur un petit morceau de la molécule.

Pour le mot de la fin, les scientifiques sont redevenus rêveurs. Une équipe de l’université de Séville a proposé lors du concours IGEM (le principal concours de biologie synthétique) d’envoyer une sorte de levure génétiquement modifiée sur Mars. Le but final serait d’assombrir la planète rouge afin de la rendre vivable pour l’être humain.

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L'auteur
Clémentine Billé

Bio

Clémentine Billé est rédactrice, spécialisée dans les questions sociétales relatives à la santé.Voir plus

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