L'écholocation, ou quand les aveugles voient avec leurs oreilles

L'Homme serait capable, avec un peu d'entraînement, de percevoir ce qui l'entoure, grâce à l'ouïe. Une technique de « radar » très utilisée par des animaux tels que le dauphin ou la chauve-souris. 

L'écholocation : un sixième sens qui fait du bruit

Et si la vue était à portée d'oreille ? C'est ce qu'affirme une récente étude, qui met en avant la capacité de nombreux aveugles d'avoir une image mentale de leur environnement grâce à leur ouïe.

Cette technique, appelée « écholocation » marche en fait comme un radar : l'écho d'ultrasons émis grâce à des petits « clics » de la langue ou des doigts, permet selon son intensité de déterminer la taille, la forme voire la texture des objets environnants, ainsi que leur proximité.

Une aide précieuse pour les personnes malvoyantes qui peuvent regagner une certaine autonomie grâce à ce sens. Car pour les chercheurs, l'écholocation ne serait pas qu'un « outil fonctionnel », mais bien « un sens à part entière, à la portée de tous et qui pourrait peut être un jour remplacer la vue », affirme le Pr Goodale, un des chercheurs de l'étude cité par le Figaro Santé.

Un sens qui s'avère très précis lorsqu'il est parfaitement maîtrisé, les personnes pouvant parfaitement s'orienter dans leur environnement, même si, comme le note les chercheurs, les « clics » doivent être émis proche des objets.

Voir sans les yeux : le futur au bout des oreilles ?

Ce sont les résultats d'une étude, parue dans la revue Psychological Science, qui montrent à quel point l'écholocation et la vision sont des sens très similaires. L'équipe de chercheurs anglo-canadienne a fait estimé à 3 groupes de personnes (voyantes, mal-voyantes et mal-voyantes sachant utilisées l'écholocation) le poids de 3 cubes de tailles diverses. Si les « simples malvoyants » ont compris que tous les cubes avaient le même poids, les deux autres groupes ont chacun été victimes de « l'illusion de Charpentier », qui consiste à croire que, de deux objets de taille différente, le plus petit sera le plus lourd (un kilo de plumes vs un kilo de plomb).

Pour le Pr Goodale, le fait que les écholocateurs aient eux-aussi subi cette illusion témoigne de la proximité de l'écholocation avec la vision. On sait ainsi depuis plusieurs années que la zone du cerveau activée durant l'écholocation est la même que celle de la vision et que le cerveau peut « entendre » les formes, le couleurs et les textures, comme le rappelle Le Monde.

Si tous les chercheurs ne sont pas convaincus que l'écholocation puisse un jour complètement remplacer la vue (les clics émis n'étant pas aussi forts que ceux, par exemple de la chauve-souris), tous s'accordent sur le fait que la technologie doit être mise au service de ce concept, afin d'améliorer le quotidien des mal-voyants.