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Irlande du Sud : une jeune femme violée se voit refuser l’avortement

Rédigé par , le 21 August 2014 à 11h22

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Une jeune femme de 18 ans s’est vu refuser l’avortement en Irlande du Sud après être tombée enceinte suite à un viol. La nouvelle a fait scandale dans la République d’Irlande. Présentant des tendances suicidaires, les médecins ont décidé de provoquer l’accouchement prématuré à 25 semaines de gestation par césarienne. 

L’avortement autorisé si la mère court un risque réel et substantiel pour sa vie

La jeune femme est originaire d’un pays étranger. Elle était arrivée en Irlande au cours de l’année et a été victime d’un viol peu de temps après son arrivée. Elle apprend alors au cours d’une visite médicale qu’elle est enceinte de deux mois. Elle demande immédiatement une interruption volontaire de grossesse, ne voulant pas porter un enfant issu du crime subi. Cependant, cet IVG lui a été catégoriquement refusé.

En Irlande du Sud, un pays à forte tradition catholique, la loi concernant l’IVG est très stricte. Celui-ci a été interdit depuis un référendum de 1983, y compris en cas de viol. La législation avait été quelques peu assouplie en juillet 2013 suite à un scandale. Savita Halappanavar, une jeune indienne de 31 ans avait succombé à une septicémie, des suites d’une fausse couche à 17 semaines de grossesse. On lui avait refusé d’avorter, bien que le fœtus périssait. Par ailleurs, l’Irlande a été condamnée en 2010 par la Cour Européenne des Droits de l’Homme pour avoir refusé l’IVG à une femme en phase de rémission d’un cancer, qui craignait que sa grossesse n'entraînerait une récidive de sa maladie. Le Parlement Irlandais avait donc adopté une loi autorisant l’avortement dans le cas où la grossesse fait courir à la mère un « risque réel et substantiel pour sa vie », après l'avis de plusieurs médecins. C’est donc une loi largement encadrée et dont les conditions sont strictes. En cas de risque de suicide de la mère, l'avis unanime d'un obstétricien et de deux psychiatres sont requis.

La jeune femme est sortie traumatisée de l’hôpital

La nouvelle loi est aujourd’hui remise en cause, face à un nouveau scandale qui met en lumière les lacunes et défauts d’une législation trop sévère. En effet, après le refus de l'IVG, la jeune femme a tenté de mettre fin à ses jours en juillet dernier, alors qu'elle en était à 24 semaines de gestation. Envoyée à l’hôpital, elle entame alors une grève de la faim et cesse de s’hydrater et de se nourrir. Une équipe d’experts estimant que la santé mentale de la patiente est trop fragile, un accouchement par césarienne prématuré est programmé. Elle a donc donné naissance à un garçon, dimanche 17 août dernier, contre sa volonté.

Le bébé n’a eu aucun contact avec la mère et a été immédiatement placé en soins à l’hôpital, où il est toujours. La jeune femme, quant à elle, est sortie une semaine plus tard et est contrainte de suivre des soins psychiatriques. Elle s’est dite traumatisée par l’événement « La cicatrice [de la césarienne] ne disparaîtra jamais. Elle sera toujours un rappel. Je souffre encore. Je ne sais pas si ce qui s'est passé pour moi est normal. Je voulais juste que justice soit faite. Pour moi, il s'agit d'une injustice ».

Le débat sur l’avortement en Irlande a été relancé, dix jours après la publication d’un rapport édité par les autorités qui dresse des recommandations pour les médecins qui doivent pratiquer des avortements. Les règles ne prendraient pas en compte les risques de suicide d'une victime d'un viol ou d'un inceste. Mary Favier, la porte-parole de l'association Doctors for choice, qui réunit des professionnels de santé militant pour le droit des femmes à disposer de leur corps, a indiqué que la jeune femme a « été enfermée dans des institutions irlandaises qui l'ont forcée à porter un bébé contre sa volonté, alors que des spécialistes débattaient pour savoir si elle pouvait subir ou non un avortement ».

En septembre, un rapport tenant compte du suivi dont a bénéficié la jeune femme sera rendu et les résultats seront publiés. 

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L'auteur
Céline Le Goff

Céline Le Goff

Rédactrice

Bio

Céline, étudiante en droit, a rejoint le journal pour l'été 2014 en tant que rédactrice. Voir plus

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