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Résistance des bactéries aux antibiotiques : la découverte d’un talon d’Achille

Rédigé par , le 20 June 2014 à 10h56

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A deux mois de la publication du rapport de l’OMS sur les dangers de la résistance des bactéries aux antibiotiques, des chercheurs anglais ont fait une découverte qui permettrait à l’avenir de les combattre et de développer des traitements spécifiques.

Des bactéries autrefois traitées parfaitement menacent de nouveau la santé

Les antibiotiques c’est pas automatique. La phrase si souvent rabâchée à la télévision prend désormais tout son sens puisque les bactéries, constamment confrontées aux antibiotiques consommés à excès, ont muté pour devenir résistantes à tout traitement et menacent de nouveau la santé de milliers de personnes.  L’OMS a été alarmée de la situation et a mis l’accent sur 7 bactéries spécifiques qui ne sont plus traitables.

Parmi les bactéries évoquées par l’OMS, on retrouve la Klebsiella pneumoniae qui est une cause majeure d’infections nosocomiales telles que la pneumonie ou les infections hématologiques. Cette bactérie est devenue résistante au carbapénème, le traitement de dernier recours contre ces infections potentiellement mortelles. Un autre cas similaire est celui de la bactérie E. coli, qui dans les années 1980 était entièrement traitable grâce aux fluoroquinolones et qui aujourd’hui résiste de mieux en mieux. En conséquence, les patients sont exposés à un risque plus fort de décès. L’OMS a donc tiré la sonnette d’alarme et parle désormais d’une réalité plus que d’une menace. Sont particulièrement touchés les pays d’Afrique, d’Amérique du Sud et du Moyen-Orient.

Un usage inapproprié des antibiotiques, cause de la mutation des bactéries

La cause principale de cette résistance accrue des bactéries est l’usage inapproprié des antibiotiques, notamment dans les pays de l’Ouest tels que l’Europe et l’Amérique du Nord. Le Docteur Keiji Fukuda, sous-directeur général de l’OMS pour la sécurité sanitaire, a prévenu « Si nous ne prenons pas des mesures significatives pour mieux prévenir les infections mais aussi pour modifier la façon dont nous produisons, prescrivons et utilisons les antibiotiques, nous allons perdre petit à petit ces bénéfices pour la santé publique mondiale et les conséquences seront dévastatrices ». Notamment, l’utilisation d’antibiotiques sur les animaux de manière préventive est souvent qualifiée d’usage inapproprié et excessif.

Les bactéries en question sont à gram négatif, c’est-à-dire qu’elles possèdent une membrane externe imperméable qui leur permet de résister à toute agression extérieure. Pour construire cette membrane, les cellules bactériennes transportent des molécules lipopolysaccharides de la membrane intérieure jusqu’à la membrane extérieure. Ces molécules ont un rôle crucial dans la résistance des bactéries. Les chercheurs de l’Université d’East Anglia au Royaume-Uni ont découvert le processus par lequel les bactéries transportent les molécules pour former leur membrane. Ils ont identifié le chemin par lequel ces molécules sont transportées et ont prouvé que si la voie d’accès est bloquée, la bactérie meurt.

Cette découverte ouvre donc une possibilité de développer des traitements qui visent la membrane directement et non la bactérie elle-même. Ainsi, ces nouveaux médicaments n’auront pas besoin de pénétrer la bactérie pour traiter l’infection et  la bactérie ne sera plus en mesure de développer une résistance. Est-ce une solution suffisante pour faire face à cette situation critique ? Tout dépend de la rapidité de développement des médicaments attendus. En attendant, il est nécessaire de réguler la consommation des antibiotiques. 

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L'auteur
Céline Le Goff

Céline Le Goff

Rédactrice

Bio

Céline, étudiante en droit, a rejoint le journal pour l'été 2014 en tant que rédactrice. Voir plus

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