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Un traitement contre le virus Ebola envisagé : une solution miraculeuse?

Rédigé par , le 06 August 2014 à 12h05

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Les deux américains, Kent Brantly et Nancy Writebol, contaminés par le virus Ebola ont reçu un nouveau traitement expérimental juste avant d’être rapatriés. Des effets positifs ont pu être observés, particulièrement chez le docteur Brantly. Ce traitement est-il la solution miracle au virus ? 

De nettes améliorations de l’état de santé une heure après l’administration du traitement

Un médecin bénévole et une coordinatrice du personnel américains, se trouvaient tous les deux en Afrique de l’Ouest dans le cadre de la lutte contre le virus Ebola lorsqu’ils ont été contaminés. Ils travaillaient pour l’organisation caritative chrétienne Samaritan's Purse au Libéria. Il leur a alors été proposé de tester un traitement expérimental. Ils ont accepté de recevoir le traitement malgré les risques. Ainsi, une dose a été administrée à Kent Brantly et deux doses à Nancy Writebol. Les trois fioles ont été envoyées jeudi 31 juillet dernier au Libéria par avion sur proposition d’un responsable des autorités sanitaires américaines.

En quelques heures, les médecins ont observé de grands progrès dans l’état de santé de Kent Brantly. Il a réussi à se lever et à prendre une douche, puis il a embarqué dans l’avion sanitaire privé qui le rapatriait aux Etats-Unis. En revanche, les effets du sérum ont été plus mitigés dans le cas de Nancy Writebol. Il a fallu deux doses pour qu’une amélioration de son état de santé soit observable. Elle a été rapatriée lundi soir dernier, le 4 août.

Ce traitement, dénommé le ZMapp, a été développé dans le cadre d’un programme de recherche soutenu par l’armée américaine et l’Agence publique de santé canadienne pendant 10 ans. La molécule a été mise au point par le laboratoire californien Mapp Biopharmaceutical, Inc qui en détient la propriété. Il s’agit d’un mélange de trois anticorps monoclonaux (molécules dirigées spécifiquement contre une autre molécule et permettant sa destruction par le système immunitaire) et d’un principe actif élaboré à partir d’un extrait du tabac. Le ZMapp est obtenu en laboratoire en exposant des animaux à des particules du virus Ebola qui produisent ainsi des anticorps prenant pour cible le virus.

Un traitement difficile et long à reproduire en raison de la technique complexe

En 2012, des recherches de virologues de l’United States Army Medical Research Institute of Infectious Diseases avaient abouti à des résultats prometteurs d’un mélange d’anticorps monoclonaux sur le virus Ebola chez huit singes. Le sérum était appelé alors « MB-003 » et il avait brillamment protégé l’ensemble des singes contre le virus.

Le ZMapp n’avait encore jamais été testé sur des humains. L’amélioration de la santé des deux américains donne de l’espoir aux chercheurs de découvrir enfin un traitement contre ce virus très virulent apparu en 1976 dont le taux de mortalité varie entre 60 et 90% des personnes atteintes. Ce serait un soulagement, puisqu’aucune solution n’existe pour soigner une personne contaminé, ni vaccin ni médicament.

Cependant, il ne faut pas se réjouir trop vite. Il n’est pas possible de savoir à l’heure actuelle si le ZMapp représente un véritable traitement contre le virus Ebola. On ignore le rôle exact joué par la molécule dans le rétablissement des deux personnels américains. De plus, le médecin Kent Brantly avait été transfusé avec une poche de sang d’un adolescent de 14 ans qui avait survécu au virus et avait donc développé des anticorps efficaces contre l’infection. Il est difficile de déterminer laquelle de la transfusion de sang ou de la molécule a été le réel facteur de l’amélioration de l’état de santé.

Enfin, Mapp Biopharmaceutical ne dispose à l’heure actuelle que de très petites quantités du ZMapp et il est très difficile d’en produire davantage de part la complexité de la technique de recombinaison génétique. Plusieurs mois seraient nécessaires pour en produire de petites doses.

Bien que cette molécule représente un grand espoir pour les milliers de personnes concernées par ce virus extrêmement mortel, la solution qualifiée de miraculeuse par certains médias est à nuancer. Des essais cliniques supplémentaires sont nécessaires pour autoriser ce médicament sur le marché et pour l’administrer aux personnes contaminées en Afrique de l’Ouest. 

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L'auteur
Céline Le Goff

Céline Le Goff

Rédactrice

Bio

Céline, étudiante en droit, a rejoint le journal pour l'été 2014 en tant que rédactrice. Voir plus

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