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Cataracte : le kit low-cost pour retrouver la vue

Rédigé par , le 05 May 2014 à 15h00

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22 millions de personnes souffrent de la cataracte dans le monde

22 millions de personnes souffrent de la cataracte dans le monde

Deux médecins ophtalmologistes de Marseille ont mis au point un kit low cost permettant de soigner la cataracte en dix minutes, et pour seulement 25 euros. Voici un procédé révolutionnaire, soutenu personnellement par Bill Gates, pour les 22 millions de personnes atteintes par cette forme de cécité. 

Ils sont capables de vous redonner la vue en dix minutes. Jean-Marie André et Bernard Ridings, deux médecins du service ophtalmologique de la Timone, à Marseille, ont mis au point un dispositif pour soigner la cataracte. Alors que 22 millions de personnes souffrent de cette cécité dans le monde, leur méthode est désormais soutenue par Bill Gates en personne, avec la Melinda and Bill Gates Foundation, ainsi que par l’association Al Ueltschi (Award for Humanitarian Leadership).

Redonner la vue pour 25 euros

Un seul objectif : éradiquer cette maladie, grand dam au sein du continent africain. Le docteur Jean-Marie André et le Professeur Bernard Ridings, amis de longue date, ont commencé leur expérience en 1998. « Notre idée de base a toujours été à but humanitaire », annoncent-ils à La Provence. Ils expliquent alors que « la cataracte est un énorme problème économique et sanitaire. Nous avons développé avec une équipe népalaise une technique alternative de la chirurgie de la cataracte.»

Grâce à ces deux médecins, des millions de personnes pourraient retrouver la vue avec une mini-opération chirurgicale effectuée à l’aide d’un simple kit à usage unique. Le coût ? 25 euros. Une révolution lorsque l’on sait que dans les pays en voie de développement, l’appareil qui permet d’enlever le cristallin (qui trouble la vue) est hors de prix.

Le Professeur Bernard Ridings, chef du service ophtalmologie de la Timone (assis) et le docteur Jean-Marie André

Une seule solution pour un coût abordable, éviter le recours aux appareils de technologie. Leur technique, qu’ils tentent de mettre au point depuis le début des années 2000, est appelée la MSICS (Manual small incision cataract surgery). L’usage unique du kit résout également les problèmes de stérilisation des instruments chirurgicaux. Ce procédé (qui remplace la phaco émulation par la phaco alternative) s’avère ainsi adaptée aux pays affectés par les pénuries en eau et électricité.

Des formations à travers le monde pour éradiquer la cataracte

« On a commencé en 2002 à Bamako avec une formation en collaboration entre la Faculté de médecine de Marseille et l'Organisation Ouest africaine de la santé (OOAS) qui s'occupe de la santé de 400 millions de personnes dans 15 pays », explique le docteur André. L’idée était de former des personnes sur place, sur le mode « ne me donne pas un poisson mais apprends-moi à pêcher ». Au final, 50 ophtalmologistes en Afrique de l'Ouest ont été formés à cette technique et sont aujourd’hui des formateurs pour la phaco A.

Tout s’est accéléré il y a quelques mois. « Ils veulent dupliquer le projet de phaco kit dans le monde entier ! » s’était alors exclamé le docteur André. Les deux médecins ont été contactés par le directeur de HelpMeSee, qui a découvert l’initiative développée en Afrique de l’Ouest. Le but de cette association est la disparition de la cécité par cataracte d’ici 2030. Elle compte pour cela former 30 000 opérateurs dans trois continents et régions du monde en priorité : l’Amérique du Sud, l’Asie et l’Afrique. Les formations, qui commenceront d’ici 18 mois, utiliseront des simulateurs de chirurgie pour s’entraîner.

« On s'occupe désormais du développement du programme d'HelpMeSee en Afrique via notamment l'évaluation des chirurgiens. Ils deviendront nos partenaires médecins qui opèrent sur place et sont rémunérés », explique le Pr Ridings. Il conclut en souriant « cette opération change la vie de chaque patient mais aussi de son entourage. On n'aurait pas imaginé ces proportions il y a vingt ans quand on a posé la première pierre. On ne pensait pas que cela allait devenir un tel édifice ».

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L'auteur
Clémentine Billé

Bio

Clémentine Billé est rédactrice, spécialisée dans les questions sociétales relatives à la santé.Voir plus

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