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Interview : François Dupré, directeur de Sidaction en appelle au don !

Rédigé par , le 04 April 2014 à 17h30

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Week-end Sidaction du  au 6 avril 2014 : faites un don !

Week-end Sidaction du au 6 avril 2014 : faites un don !

Le week-end Sidaction de l’année se tient en ce moment même. Vendredi, nous vous faisions part de tout le travail et de la mobilisation pour un week-end comme celui-ci. François Dupré de l’association Sidaction répond aujourd’hui à nos questions pour sensibiliser une nouvelle fois sur cette maladie, devant la parution de chiffres inquiétants.

Vous avez l’impression d’entendre tout le temps parler du VIH ? Apparemment, pas assez : 35 millions de personnes infectées vivent sur cette planète. Pour une meilleure sensibilisation et à l’occasion du week-end Sidaction, François Dupré, le directeur général de l’association Sidaction, fait un point avec Allo-Médecins sur les derniers chiffres alarmants parus cette semaine.

Allo-Médecins : De plus en plus de personnes de plus de 50  ans découvrent ou deviennent séropositives : comment expliquez-vous ce phénomène ?

François Dupré, directeur général de l'association SidactionFrançois Dupré : J’ai une explication très globale par rapport à ces chiffres. Depuis cinq ans les chiffres d’infections par an ne faiblissent pas en France. Et dans le monde, le chiffre de nouvelles infections faiblit peu. Rappelons qu’au niveau mondial, il y a plus de 2, 3 millions de personnes qui ont été nouvellement infectées par le VIH. D’une part, dans le monde, sur les 35 millions de personnes qui vivent avec le VIH, il y a une personne sur deux qui n’est pas consciente qu’elle est séropositive. En France on sait qu’il y a environ 30 000 à 40 000 personnes qui n’ont pas été dépistées. C’est un point important car si les personnes ne savent pas qu’elles sont séropositives, elles peuvent transmettre le virus sans le savoir. Le second point est que dans la première phase de l’épidémie du sida, le nombre de personnes décédées a été épouvantable. L’année où l'on a créé l’association Sidaction, il y a eu 7 000 personnes qui sont décédées du virus du sida en France. Après 1996 il y a eu des trithérapies qui ont fait des progrès. C’est vrai qu’aujourd’hui avec ces traitements, si on est pris à temps, on vit mieux - ou en tout cas on ne meurt plus comme avant - même si en aucun cas on guérit de la maladie. Malheureusement, on pense qu’on a été trop loin dans la banalisation de la maladie. L’arrivée des traitements, l’allongement de la durée de vie des personnes infectées, a fait dire que le virus du sida, ce n’était plus un problème ; on peut vire avec, et puis voilà ce n’était pas très grave.

A-M : Quelle est l’origine de ce problème ?

F Du : Pour nous, il y a à la fois un manque de sensibilisation et un manque d’informations notamment au niveau des jeunes. Nous avons réalisé une enquête nous nous sommes rendu compte que 22% d’entre eux pensent qu’on guérit du sida. Ils mélangent contraception et protection. Nous pensons qu'il y a vraiment une question d’informations et de banalisation qui se traduit par le fait que les personnes ne font plus attention. Quand on analyse les résultats, on identifie sur certains groupes ce qu’il se passe. On va par exemple découvrir qu’un certain nombre des personnes de plus de cinquante ans sont porteuses du virus depuis longtemps et viennent de le découvrir ; mais on va découvrir aussi que les personnes de plus de cinquante ans ont pris des risques sans le savoir et se sont infectées. Pour nous la question de fond est encore une fois qu’on a été trop loin dans la banalisation et que par conséquent les personnes prennent des risques sans en être conscientes. Il suffit d’un seul rapport avec une personne infectée qui par ailleurs peut très bien ne pas le savoir.

A-M : Le nombre de séropositifs ne diminue pas en France. Dans le même temps, une étude révèle qu’il y a de plus en plus de gays séropositifs en France (+14% de 2012 à 2013). Pourquoi le message de sensibilisation parait moins entendu ?

F Du : Le grand défaut qu’on a porté sur cette maladie est de penser que cette maladie est liée à un certain type d’attitudes. C’est une maladie sexuellement transmissible qui se transmet par des relations sexuelles ou de la mère à l’enfant. Les études réalisées sont faites par groupe pour montrer l’évolution au fil des années. Je pense que c’est parfaitement juste mais nous, ce que nous disons de ces actions, c’est que le problème est en amont de cela. On peut travailler sur des analyses, pourquoi certains groupes ont une augmentation ou une diminution. Mais ce nous pensons c’est qu’au-delà de ça, c’est une question beaucoup plus générale : la mauvaise information et la banalisation. Les gens qui sont informés se disent parfois « ce n’est pas grave » et les gens non informés ne savent pas qu’ils prennent des risques. On peut faire toutes les analyses par type de groupes, je pense qu’on en viendra au même résultat qui est de constater que ça ne faiblit pas. Le fait de dire que les personnes de plus de cinquante ans sont plus nombreuses à être infectées, de manière générale, que peut-on en conclure ? Si ce n’est le fait qu’il y a une absence d’information et une banalisation.

A-M : Il y a quelques temps un bébé a guéri du VIH aux Etats-Unis : comment avez-vous accueilli cette nouvelle ?

F Du : Au niveau de la recherche, c’est une nouvelle extrêmement importante. Un bébé est né, il a eu tout petit une administration massive de rétroviraux qui se sont arrêtés, par une erreur de la mère. On ne trouve plus pour l’instant chez cet enfant de traces du virus. Cela veut dire que si on dépiste et qu'on agit très tôt sur le virus, on a un cas qui montre que pour l’instant, on aurait un petit enfant qui aurait réussi à « neutraliser » le virus. Il faut bien faire attention, entre une preuve de concept qui est quelque chose de capital sur un plan scientifique car cela permet de réfléchir et d’avancer, et un espoir pour 35 millions de malades. Donc aujourd’hui ce que l’on sait c’est que la solution pour les personnes est d’être mises sous antirétroviraux et que plus on le fait tôt, c’est-à-dire juste après l’infection, plus on a de chances que la maladie fasse moins de dégâts. C’est ça la conclusion. C’est très intéressant en tant que cas unique mais il ne faut pas en tirer de conclusions plus large, je dirai à l’échelle des 35 millions de cas concernés. 

Nous remercions François Dupré pour avoir répondu à nos questions, et vous invitons à visiter le site Sidaction, à consulter la campagne vidéo 2014. Et nous ne le répèterons jamais assez : faîtes un don directement sur le site ou en composant le 110. Sortez couvert !
 

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L'auteur
Clémentine Billé

Bio

Clémentine Billé est rédactrice, spécialisée dans les questions sociétales relatives à la santé.Voir plus

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