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Un virus géant vieux de 30 000 ans découvert en Sibérie

Rédigé par , le 04 March 2014 à 18h13

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Toundra dans le Chukotka, Russie

Toundra dans le Chukotka, Russie

Une équipe de chercheurs français ont découvert un nouveau virus géant, le Pithovirus, dans la toundra sibérienne.

Un nouveau virus géant a été découvert en Sibérie par une équipe de chercheurs français. C’est en étudiant un échantillon de permafrost vieux de 30 000 ans et récupéré dans la région de Chukotka (extrême nord-est sibérien) que les scientifiques ont mis la main sur ce nouveau virus. Les résultats de leur découverte ont été publiés dans les comptes rendus de l’académie des sciences américaines (PNAS).

Les virus géants, chasseurs d'amibes

La particularité des virus géants est de s’attaquer aux amibes (parasite unicellulaire pouvant être à l’origine de douloureux maux d’estomac et d’abcès), ils sont dotés d’une taille dépassant le 0,5 millionième de mètre (ils sont visibles avec un simple microscope optique) et ils disposent tous d’un appareil génétique beaucoup plus riche que celui des virus classiques ou même des bactéries.

Le Pithovirus sibericum (c’est le doux nom que les chercheurs français ont attribué à leur découverte) est cependant sensiblement différent des virus géants comme le Mimivirus, le premier géant découvert en 2003, le Pandoravirus ou encore le Tsamsa, découvert au mois de janvier. Il possède un patrimoine génétique moins développé (500 gènes pour 1262 chez le Mimivirus) et se multiplie de manière différente.

Ce super virus qui a peut-être croisé nos lointains cousins néandertaliens est inoffensif pour l’homme rassure le professeur Jean-Michel Claverie, directeur du laboratoire Information Génomique et Structurale (CNRS/ Université d’Aix-Marseille), chef de l’équipe à l’origine de la découverte.

Le permafrost, protection naturelle contre les virus endormis

Néanmoins, le fait de trouver un virus, vieux de plus de 30 000 ans, qui a survécu à la glaciation et qui est encore infectieux peut amener à se poser des questions quant au risque de voir d’autres agents pathogènes réapparaitre. « Le seul fait que l’on puisse ramener à la vie un virus de 30 000 ans signifie que des pathogènes pour l’homme peuvent de la même manière refaire surface » précise Chantal Abergel, directrice de recherche au CNRS et coauteur de la publication scientifique.

La possibilité de voir réapparaitre des virus qu’on pensait éradiqués n’est pas minime. Les scientifiques estiment qu’avec le réchauffement climatique, le permafrost qui protégeait la Sibérie des assauts des grandes compagnies minières et pétrolières va surement disparaitre. « En creusant pour trouver du pétrole ou du gaz, des hommes pourront bien involontairement entrer en contact avec des microbes » explique les chercheurs.

Coupe d'un PithovirusLe Pithovirus a été trouvé dans un échantillon de terre prélevée trente mètres sous terre, dans d’excellentes conditions de conservation, à l’abri de l’oxygène, de la lumière et comportant un pH neutre. Le risque de contamination peut devenir sérieux si des hommes entrent en contact avec d’anciens virus, nos défenses immunitaires n’existant pas forcément pour lutter contre ces pathogènes, à moins qu’elles n’aient disparu depuis longtemps.

Des virus qui sortent de terre

De récentes études ont démontré que lors d’étés particulièrement chauds, le permafrost de l’Arctique fondait suffisamment pour libérer le Bacillus anthracis, à l’origine de la maladie du charbon, contaminant régulièrement les troupeaux de rennes domestique qui viennent paître. Les scientifiques ont par ailleurs fait un lien entre le Pithovirus et le virus de la variole, les deux possédants le même processus de réplication. « On pense avoir éradiqué la variole, mais ce n’est le cas qu’à la surface de la Terre » explique ainsi Chantal Abergel, rappelant que la variole a frappé plusieurs fois la Sibérie au cours de son histoire.

A ce titre, le professeur Claverie a annoncé que son laboratoire était en train de mener une étude du permafrost qui devrait permettre d’évaluer ce genre de risque : « Il s’agit de chercher de l’ADN, c’est-à-dire les empreintes génétiques de virus (ou de bactéries) pathogènes pour l’Homme pour voir s’il y a par exemple des traces de variole dans des échantillons de cette couche de permafrost pris à trente mètres de profondeur.»

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L'auteur
Alexis Van Wittenberghe

Bio

Alexis Van Wittenberghe est un jeune journaliste qui étudie à l'ISFJ qui s'est spécialisé dans l'actualité de la recherche médicale.Voir plus

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