USA : 5 fois plus de jeunes blessés ou tués par les armes à feu qu'en France

Une étude menée aux Etats-Unis réanime le débat sur les armes à feu en mettant en avant des chiffres effrayants sur la mortalité annuelle.

Les fusillades scolaires aux États-Unis sont très médiatisées. Il semblerait malheureusement que ce soit l’arbre qui cache la forêt. En effet, près 10.000 jeunes de moins de 20 ans sont morts ou blessés par les armes à feu chaque année aux États-Unis. C’est le résultat d’une étude menée par le docteur John Leventhal, professeur de pédiatrie à l’École de médecine de Yale, qui sort aujourd’hui dans la revue « Pediatrics ».

Des chiffres impressionnants

Tous les ans, « c’est plus de 7000 enfants qui sont blessés au point de se retrouver à l’hôpital » déplore le Dr Leventhal, soit une vingtaine d’enfants chaque jour. 6% de ces patients décèdent à cause de leurs blessures. Triste constat que celui-ci, mais il ne s’arrête pas là.

Effectivement, près de 3000 jeunes meurent avant d’arriver en salle d’opération. « Cela signifie que les armes à feu blessent ou tuent environ 10.000 enfants américains tous les ans » explicite le Dr Leventhal. Des recherches avaient déjà été menées sur ce sujet, mais la nouveauté de cette étude est de s’intéresser uniquement au cas des enfants.

Les données recueillies s’étendent de 1997 à 2009. Sur la base de 2009, 7391 jeunes ont finis à l’hôpital. Parmi eux, 4559 enfants ont des blessures dues à des agressions, suivis par les accidents, 2149 enfants, loin devant les tentatives de suicide qui font 270 victimes. 453 de ces patients n’ont pas survécu.

« Cette étude confirme ce que nous savons à partir des données de mortalité » a déclaré le directeur du Centre John Hopkins pour la politique et la recherches des armes, Daniel Webster. Selon lui, le taux de mortalité lié aux armes à feu chez les enfants est dix fois plus important par rapport aux autres pays à revenus élevés. « C’est un problème tout à fait unique  et anormal qu’une nation aussi riche doit avoir un tel taux de mortalité et de morbidité liés aux armes à feu chez la jeunesse » a-t-il ajouté.

Quelques pistes

Le docteur Leventhal explique que le nombre de blessures accidentelles, notamment chez les plus jeunes enfants, doit pousser les parents à être plus vigilants, à garder les armes dans un endroit sûr et séparées des munitions. Patrick Tolan, professeur de psychiatrie à l’Université de Virginie et président du Centre pour le développement de la jeunesse de l'université, va même plus loin : « Il est clair que cela doit faire partie des discussions sur les armes à feu. On porte trop l'accent sur le risque d’entraver la liberté des personnes » à défaut de défendre leur vie.

Pour Daniel Webster, une des premières choses à faire est de limiter l’accès aux armes à feu. « Aujourd’hui, il est tout à fait légal d’acheter une arme à feu dans 45 états sur 50 pour une personne de plus de 18 ans alors qu’il est toujours interdit d’acheter de l’alcool pour les moins de 21 ans. » dénonce-t-il. Constat repris par beaucoup, notamment on s'en souvient par l'héroïne de "La vie d'Adèle", Adèle Exarchopoulos lors de sa visite aux États-Unis.