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Dépistage du cancer de la prostate : plus de risque que de bénéfice ?

Rédigé par , le 07 August 2014 à 17h05

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Une vaste étude européenne publiée hier dans The Lancet relance la polémique à propos de la balance bénéfice risque du dépistage massif du cancer de la prostate. D’après ces résultats fondés sur une base de données de 11 millions d’hommes, les bénéfices du dépistage ne justifient pas sa généralisation chez les hommes de plus de 50 ans. 

Le paradoxe du cancer de la prostate 

En France, le cancer de la prostate est de loin le cancer le plus fréquent chez l'homme, avec 71.200 nouveaux cas en 2011 et 8.700 décès estimés. Son dépistage peut se faire par la pratique du toucher rectal et par le dosage d’un marqueur sanguin, le PSA (Prostate-Specific Antigen). Des prélèvements sanguins sont ainsi pratiqués régulièrement à partir de 50 ans.

Et c’est précisément ce point qui suscite la polémique.

Car d’après les auteurs de cette étude, le dépistage systématique conduit inévitablement à un surdiagnostic et par conséquent à un surtraitement, avec le risque de survenue d’effets indésirables. En effet, le surdiagnostic peut conduire à un faux-positif, c'est-à-dire à un diagnostic déduisant à tort que la maladie existe, alors que la personne n'est pas malade. C’est ainsi que le bénéfice du dépistage finit par s’équilibrer avec les effets secondaires d'un traitement injustifié : incontinence, impuissance sexuelle...

« Un dépistage de masse non justifié »

Cette étude s'appuie sur des travaux très controversés publiés en 2011, qui avaient conclu  à une baisse significative de la mortalité chez les hommes qui avaient participé au programme de dépistage. La relecture des données a d’abord confirmé les conclusions initiales : le dépistage du cancer de la prostate réduirait d’environ 20% le risque de mort prématurée. Pour autant, même si les bénéfices semblent conséquents, cette nouvelle étude montre qu’ils sont loins d’être significatifs si l’on rapporte ce chiffre à la mortalité des hommes n’ayant pas participé au programme de dépistage.

Ainsi pour les auteurs, rien ne justifie la mise en œuvre de programmes de dépistage systématique car, pratiqués systématiquement, ils présentent des risques.

« Le temps du dépistage généralisé dans la population n'est pas arrivé, explique le Pr Fritz Schröder, qui a dirigé l’étude. Il est nécessaire de mener rapidement davantage de recherches pour réduire le risque de «sur-diagnostic». Il faut parvenir à limiter les biopsies inutiles. L’une des approches prometteuse dans ce domaine est  la technique dite d’imagerie multiparamétrique qui peut être en mesure de diagnostiquer de manière sélective les cancers de la prostate agressifs et d'éviter le diagnostic de nombreuses tumeurs qui se développent généralement sans conséquence si lentement que la plupart des hommes mourront d'autres causes. »

Pour l’instant, l’important selon lui est d’informer les hommes envisageant le dépistage sur ses effets secondaires éventuels. Il s'agit d’identifier ceux qui n’ont pas besoin d’être traités, et en parallèle, de réserver le dépistage en priorité aux hommes considérés comme étant "à haut risque".

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L'auteur
Marie Penavayre

Marie Penavayre

Rédactrice

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