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Cancer du poumon : une simple prise de sang pour le détecter beaucoup plus tôt

Rédigé par , le 03 November 2014 à 14h51

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Des échantillons de sang.

Des échantillons de sang.

Une équipe de chercheurs niçoise a mis au point un test sanguin capable de détecter les cancers du poumons à des stades précoces, jusqu'alors imperceptibles. Cette « première mondiale » pourrait révolutionner le traitement de cette maladie, et peut être même en permettre l'éradication selon les chercheurs. 

À la recherche de cellules sentinelles

Le professeur Paul Hofman et son équipe, rattachés à l'hôpital universitaire de Nice et au centre de recherche de l'Inserm de l'université voisine Sophia-Antipolis, semblent être à l'origine d'une petite révolution médicale. Publiés vendredi 31 octobre dans la prestigieuse revue américaine Plos One, leurs résultats témoignent d'une « première mondiale » dans la détection et la prise en charge des cancers du poumon. En effet, ces chercheurs ont mis au point un test sanguin capable de détecter l'apparition des cancers du poumon à un stade très précoce, bien avant que ceux-ci soient détectables par radiographie. « C'est une percée extraordinaire dans le domaine des cancers pulmonaires invasifs », ont déclaré les scientifiques à l'origine de cette découverte.

Pour son étude, l'équipe du Pr Paul Hofman a testé ce nouveau procédé sur 245 sujets sans cancer, dont 168 étaient des cas à risque (très gros fumeurs atteints de bronchopathie). Des cancers du poumon ont été diagnostiqués sur 5 de ces sujets, qui se sont déclenchés par la suite, « soit 100% de sensibilité au test ».

Pour ce faire, l'équipe scientifique est partie à la recherche de cellules tumorales circulantes, des cellules cancéreuses, qui comme leur nom l'indique, « circulent » dans le sang avant de créer des métastases. Celles-ci sont présentes dès les premières phases de la maladie, des mois avant que les tumeurs soient visibles par scanner. Cependant, ces cellules sont extrêmement rares (2 ou 3 pour 50 milliards de cellules) et très fragiles, ce qui rend leur extraction très difficile. Comme l'explique Paul Hofman, « ce test fonctionne un peu comme une machine à café. On effectue un prélèvement à l’aide d’une prise de sang. Puis on passe ce sang dans un filtre de polycarbonate. Toutes les cellules sanguines descendent, et seules les cellules cancéreuses restent à la surface, car elles sont plus volumineuses ».

Ces cellules sentinelles, semblables à des signaux d'alerte, pourraient jouer un rôle-clé dans la prise en charge et la guérison de cette maladie.

Vers l'éradication du cancer du poumon ?

Cette détection précoce pourrait permettre d'intervenir chirurgicalement à un stade peu développé de la maladie, ce qui nourrit l'espoir, au sein de l'équipe médicale, de « l'éradication du cancer ». « Lorsque l’on diagnostique un cancer du poumon, dans 85 % des cas nous en sommes déjà à un stade non opérable. Cette avancée va permettre de faire entrer plus de patients dans une chirurgie précoce », explique le professeur Hofman. Ainsi, les patients ayant développés un cancer au cours de l'étude ont pu être opérés, avec un succès inespéré. Un an après l'intervention, aucun d'entre eux ne présentaient de signe de récidive.

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Mis au point par la compagnie française Rarecells Diagnostic, ce test pourrait permettre de viser « l'éradication précoce de la localisation primitive du cancer », selon les chercheurs.

Cet enthousiasme est également partagé par la fondatrice de Rarecells Diagnostic, Patrizia Paterlini-Bréchot, professeur de biologie moléculaire et cellulaire à l'universite Paris-Descartes, pour qui « le diagnostic précoce signifie une forte probabilité d'éliminer le cancer définitivement ».

Il faudra encore quelques années aux chercheurs pour écarter complètement les risques de récidive, mais les résultats sont très prometteurs. Pour le Pr Hofman, il « faut toujours être prudent avec les espoirs que l'on peut susciter, mais il ne s'agit pas non plus d'être frileux. Alors oui, [ces résultats sont ] bien une avancée majeure » en ce qui concerne la lutte contre le cancer du poumon. 

Cette étude pourraient permettre de faire face à une réalité bien moins réjouissante. En effet, le cancer du poumon est l'un des plus meurtriers : 27 000 personnes en meurent chaque année en France. De plus, la survie des patients à un an est estimée à 40 %. À cinq ans, celle ci n'est plus que de 16 %. Enfin, seuls 15 % de ces cancers sont diagnostiqués à temps (maladie encore localisée), ce qui fait que les pronostics vitals ne sont de l'ordre, dans la majorité des cas, que de quelques mois.

Lancer un programme de recherche

Le coût de ce test n'a pas été communiqué pour le moment, mais les chercheurs affirment que celui-ci est « raisonnable ». Pour ces derniers, le but de cette étude est de développer à grande échelle un test de diagnostic précoce du cancer du poumon. Un projet de recherche national est en phase d'élaboration.

La validité du test doit, elle aussi, être confirmée sur un échantillon beaucoup plus important, qui pourrait atteindre les 5000 sujets. « Nous avons fait la preuve de ce concept. Il nous reste maintenant à le valider statistiquement à travers l'étude nationale que nous proposons » détaille Paul Hofman. C'est suite à cette étude nationale que le test sera disponible, d'ici 4 ou 5 ans selon le Pr Hofman. 

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L'auteur
Laure Hanggi

Laure Hanggi

Rédactrice

Bio

Etudiante en histoire passionnée d'actualité en général et notamment des questions de santé moderne, en tant qu'enjeux de société. Voir plus

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