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Interview. L'installation d'une jeune ostéopathe tout juste sortie de l'école

Rédigé par , le 21 February 2014 à 14h30

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L'ostéopathie est une médecine douce manuelle

L'ostéopathie est une médecine douce manuelle

Clémence Bierry vient d'être diplômée. Originaire de Lyon, la jeune femme a choisi de s'installer en campagne. Elle nous raconte l'aventure. 

Entre désertification médicale, sur-urbanisation des médecins généralistes et crise des hôpitaux, l'installation des jeunes professionnels de santé est devenu un sujet des plus sensibles. Nous sommes allés à la rencontre de Clémence Bierry, jeune ostéopathe fraîchement diplômée qui nous raconte les difficultés mais aussi la joie d'ouvrir son propre cabinet. Interview. 


Allo-Médecins : Bonjour Clémence, pourrais-tu commencer par nous parler de ta formation ? 

Clémence Bierry : Bonjour ! Alors : Je suis diplômée du CEESO, le Centre Européen d’enseignement supérieur de l’ostéopathie ; une formation en cinq ans avec une sixième année facultative, composée d’une formation post-graduation. J’effectue actuellement cette sixième année. C’est une formation qui est réglementée par le ministère de la santé. Ce n’est pas le cas de toutes les écoles, parce qu’elles doivent avoir une accréditation validée par l’Etat pour pouvoir être réglementées. Cette école en fait partie au même titre qu’une dizaine d’autres en France.

A.M : Où as-tu décidé de t'installer ?

C.B : J’ai décidé de m’installer à St Alban de Roche, petit village de l’Isère situé juste à côté de Bourgoin-Jallieu. Je voulais rester à la base dans la région lyonnaise vu que je suis de Lyon.

A.M : Quelle est le profil de tes patients ? Quelles sont les principales raisons de leur venue ? 

C.B : En général, nous recevons des patients de tous âges, du nourrisson jusqu’à la personne âgée, même si en général on reçoit plus d’adultes. Ce n’est pas encore rentré dans les mœurs de consulter pour un bébé ou même des personnes âgées. Les motifs de consultation les plus fréquents, ce sont les cervicalgies et les lombalgies, de manière générale, le mal de dos. Même si en ostéo on peut aller travailler beaucoup plus loin, la profession reste peu connue des patients (cependant ça commence à arriver).

A.M : As-tu dû mettre en place des opérations de communication pou annoncer ton installation ? 

La colonne vertébrale fait partie des zones traitéesC.B : Je suis dans un cabinet médical, je ne suis donc pas toute seule. On a mis des affiches dans la salle d’attente pour annoncer mon arrivée, ensuite je suis allée me présenter aux commerces environnants afin qu’ils aient connaissance de mon arrivée. J’ai par ailleurs envoyé des courriers aux autres professionnels de santé de la région pour les prévenir également. J’ai contacté aussi la mairie, qui va faire un petit article sur la gazette mensuelle pour annoncer mon arrivée. Il y a en plus les plaques professionnelles qui sont de toutes façons installées sur le devant du cabinet.

A.M : Quelles sont les obligations et normes sanitaires/médicales à suivre pour l’ouverture d’un cabinet d’ostéopathie ?

C.B : Contrairement aux médecins ou aux infirmières, l’ostéopathie n’a pas d’ordre, nous n'avons que des syndicats. C’est pour cela que nous n’avons pas réellement de normes. Après, les seules obligations que nous devons suivre pour exercer l’activité d’ostéopathe, c’est d’obtenir un numéro siret. Celui-ci est attribué par l’Insee afin d’avoir un identifiant pour l’établissement. Il nous faut aussi un numéro ADELI qui est attribué à tous les praticiens et qui sert de numéro de référence. Ce sont les deux seules obligations pour un ostéopathe.

A.M : As-tu rencontré des difficultés particulières durant ton installation ?

C.B : Je n’ai pas eu particulièrement de difficultés matérielles, par contre pas mal de difficultés administratives (rires). Le fait d’avoir changé de département, d’être passé du Rhône à l’Isère, a entrainé pas mal de soucis. Après, les difficultés sont plutôt d’ordre financier, c’est-à-dire qu’il faut avancer dans toute l’installation du cabinet et il y a les charges qu’il faut payer alors que malheureusement on n’a pas forcément de rentrée d’argent. Ce sont les deux plus gros soucis.

A.M : Existe-t-il des aides privées ou publiques à l’installation de jeunes praticiens comme toi ?

C.B : Il existe une aide publique qui s’appelle l’ACCRE. Elle s’adresse aux jeunes qui créent une entreprise, elle permet d’avoir une exonération des charges sociales pendant un an. Il y a pas mal de conditions pour pouvoir en bénéficier dont l’une des principales est d’avoir moins de 26 ans. Les jeunes ostéopathes remplissent souvent cette condition.

Il existe aussi une aide pour la formation professionnelle. Ce sont des fonds d’assurance de formation, on cotise avec nos frais (URSAF ,etc.), cela permet de se faire rembourser les formations complémentaires que l’on pourrait faire après notre diplôme. C’est quand même pas mal de pouvoir continuer à se former et à approfondir nos connaissances en étant un peu aidé car ces formations peuvent être très couteuses.

A.M : Dirais-tu qu'il est plus difficile de s'installer en zone rurale que dans les très grandes villes ? Pourquoi ? 

L'ostéopathe prévient pour mieux soignerC.B : Personnellement je pense que c’est l’inverse (rires). Je pense que c’est plus facile de s’installer dans une zone rurale parce que les grandes villes sont très prisées par ces jeunes qui veulent garder leurs vies, leurs sorties etc. Il y a déjà beaucoup de professionnel de santé, à un point tel que les grandes villes sont saturées. A Lyon, il n’est plus possible pour une jeune ostéopathe de s’installer tellement ils sont trop nombreux. Il y a plus d’avenir dans les zones rurales où les ostéopathes sont pour l’instant moins nombreux, il y a un fort potentiel qui ne demande qu’à être développé. D’où l’intérêt entre autre des maisons médicales qui commencent à se former dans les plus petites villes.

A.M : Pourquoi l’ostéopathie ?

C.B : J’ai toujours été attirée par les sciences et le domaine de la santé, je m’étais donc déjà pas mal renseignée sur les métiers de médecins, d’infirmières et tout ce qui va avec. Après avoir fait des recherches et discuté avec des ostéopathes j’ai compris le potentiel que pouvait avoir cette médecine "parallèle", qui prend le corps plus dans une globalité. L’objectif étant de retrouver l’équilibre de l’individu et non pas de soulager juste une zone à un instant T.

C’était pour moi une perspective très intéressante, d’autant que la prise en charge vient en complément, nous permettant de travailler aussi bien avec des médecins qu’avec des kinés pour avoir de meilleurs résultats. C’est aussi une méthode thérapeutique qui peut être soit curative, soit préventive suivant la nécessité. Finalement j'adore me dire que je peux soigner les gens avec une médecine manuelle et pas forcément avec des médicaments.


Le cabinet de Clémence Bierry à Saint-Alban de Roche

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L'auteur
Alexis Van Wittenberghe

Bio

Alexis Van Wittenberghe est un jeune journaliste qui étudie à l'ISFJ qui s'est spécialisé dans l'actualité de la recherche médicale.Voir plus

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