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Gardasil : le vaccin suscite la colère de 67000 habitants

Rédigé par , le 11 September 2014 à 17h06

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vaccin ; gardasil ; colombie ; évanouissements

Des centaines de jeunes filles sont victimes d'évanouissements répétés dans une petite ville de Colombie pour une raison inexpliquée. Les familles mettent en cause une campagne de vaccination contre le virus du papillome humain (VPH), utilisant le Gardasil...

Une petite ville totalement bouleversée

Depuis quelques semaines, la ville de El Carmen del Bolivar traverse une crise dont elle ne voit pas la fin. Située dans le nord de la Colombie près du port caribéen de Carthagène, la ville et ses 67 000 habitants voient ses jeunes filles être victimes d'un mal bien étrange. L'hôpital de Notre-Dame est submergée, plusieurs centaines de jeunes filles y étant déjà passées depuis le début de « l'épidémie ». Les médecins cherchent désespérément ce qui pourrait être la cause de ce mal : hypoglicémie, prises de drogues,... Mais rien n'y fait. Les symptômes sont toujours les mêmes : mains glacées, visage pâle, perte de connaissance. Les jeunes filles finissent par s'évanouir en tremblant, et en étant parfois prises de convulsions.

Pour les familles des victimes, aucune doute n'est possible. C'est la campagne de vaccination nationale contre le virus du papillome humain (VPH) qui a pris place peu de temps auparavant, et qui visait toutes les filles entre 9 et 16 ans, qui est la responsable. Le VPH est une des infections sexuelles les plus répandues et peut déboucher sur un cancer de l'utérus. Eva Mercado, 15 ans, a perdu connaissance 7 fois en un mois : « ils m'ont vaccinée en mai et les premiers évanouissements ont commencé en août. Mes jambes sont devenues lourdes, je ne sentais plus mes mains. Quand je me suis réveillée, j'étais à l'hôpital. »

Pas de traitement et des vies chamboulées

Comme l'explique le maire de la ville également médecin, le Dr Francisco Vega, ces maladies sont apparues à la fin du moi de mai et se sont développées de manière exponentielle depuis. Les symptômes ne menacent pas la vie des patientes, elles retournent donc chez elles en attendant la prochaine crise. Un des responsables de l'hôpital, Augusto Agamez, affirme qu'il n'y a pas « de diagnostic, ni de traitement spécifique ». Au réveil les infirmières enseignent aux jeunes filles des techniques de respiration, et reçoivent de l'oxygène et du sérum physiologique.

Mais la plupart de ces patientes seront réhospitalisées, bouleversant complètement leur vie et celles de leurs proches. Beatriz Martinez, 15 ans, a été emmené 16 fois à l'hôpital en un mois. Elle ne peut plus se débrouiller toute seule, sa mère doit l'aider pour s'habiller, se doucher, car ses jambes ne la portent plus. William Montes, un paysan qui a du venir de la montagne avec ses deux filles dans un hamac pour les faire soigner déclare qu'il est « désespéré ». L'ambiance est funeste dans la ville, où les filles ne sortent plus et restent enfermées chez elles.

Les jeunes se succ?dent ? l'h?pital

Une ville livrée à elle-même

Cette situation a placé dans l'émoi le pays tout entier, mais n'a pas vraiment suscité l'émotion dans les hautes sphères, comme en témoigne certaines déclarations des membres de l'Etat. Le Ministre de la Santé Alejandro Gaviria, après avoir condamné la couverture médiatique du sujet qui engendrerait selon lui une inquiétude sans fondement chez les 2,9 millions de femmes déjà vaccinées en Colombie, a déclaré qu'il n'y avait « pour le moment aucune raison d'arrêter » les vaccinations. Lors de sa visite dans la ville, il a été accueilli en conséquences de ses propos, entre incendies de pneus et huées.

Le Président, suite à ces événements, a lui aussi donné son avis. Ces évanouissements à la chaîne seraient le résultat d'un « phénomène de suggestion collective », donnant du crédit au discours affirmant que ces filles seraient touchées par une hystérie collective. « Ce n'est pas une hystérie collective, [c'est] une manipulation. Si tu vois ta fille avec ces symptômes après la vaccination, à quoi d'autre s'en prendre ? », lance Maria Veronica Romera, la mère d'une adolescente de 13 ans, victime d'évanouissements.

La région, déjà très éprouvée par les conflits armés qui font rage en Colombie depuis près d'un demi-siècle, est très en colère. Les spécialistes dépêchés ont d'ailleurs affirmés, suite à des prises de sang et autres prélèvements, qu'il n'y avait aucune preuve impliquant le vaccin dans cette situation.

Le vaccin Gardasil traîne déjà une réputation plus ou moins fameuse dans plusieurs pays où sa fiabilité a été remise en cause. Les habitants de El Carmen ont manifesté pacifiquement mercredi dernier pour appeler à la mise en place d'une enquête approfondie. Merck, le fabricant, affirme de son côté que tous les lots de vaccin envoyés en Amérique Latine répondaient aux normes de sécurité requises. Pas de quoi apaiser les familles des victimes, dont les vies ont déjà été tant bouleversées.

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L'auteur
Laure Hanggi

Laure Hanggi

Rédactrice

Bio

Etudiante en histoire passionnée d'actualité en général et notamment des questions de santé moderne, en tant qu'enjeux de société. Voir plus

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