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Baisser la consommation des médicaments : une urgence en France

Rédigé par , le 05 March 2014 à 08h11

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La France est l'un des premiers pays européens qui surconsomme les médicaments.

La France est l'un des premiers pays européens qui surconsomme les médicaments.

La consommation abusive de médicaments inquiète les autorités sanitaires. Entre gâchis et addictions, une note du commissariat général à la stratégie et à la prospective sort aujourd’hui pour inviter les Français à mieux consommer les médicaments.

Qui n’a pas un placard dédié aux médicaments chez lui ? Trois bouteilles de sirop entamées, 6 boîtes de dolipranes avec 3 cachés qui se baladent dans chaque, 8 boîtes de smecta –parce que le médecin m’en donne mais que c’est imbuvable-, et on en passe ! Et oui, la France est l’une des premières en Europe. Première à quoi ? Première consommatrice de médicaments de manière abusive.

L’abus de médicaments est aussi dangereux que la prise de drogue illicite

Le commissariat général à la stratégie et à la prospective estime cette situation «néfaste sur la santé des populations». L’organisme publie alors une note aujourd’hui afin de « repenser le circuit du médicament». Elle propose diverses pistes en s’appuyant sur les expériences des autres pays.

D’où vient ce soudain intérêt pour la limitation de médicaments ? La note part d’un constat effectué par l’OICS, l’Organe international de contrôle des stupéfiants qui dépend des Nations Unies. La consommation de médicaments est en constante hausse et dépasse «dans certains pays le taux de consommation des drogues illicites». Il souligne «l’idée erronée que ces médicaments sont moins susceptibles d’abus que les drogues illicites».

Une nouvelle fois, c’est aux Etats-Unis que les premières études ont commencé. La large consommation inquiétait, et des opérations de sensibilisation ont été réalisées. Ces initiatives ont permis le retrait de 1700 tonnes de médicaments de la circulation depuis 2010 dans ce pays.

Les pays européens comme modèle pour limiter notre consommation

La surconsommation de médicaments inquiètent les pharmaciensLa raison de ces abus est simple : les médecins sont mal informés sur toutes les pathologies possibles. Ils ne peuvent pas tout connaître, et certains ont tendance à facilement administrer les médicaments. Les doses prescrites peuvent tripler d’un médecin à un autre. La première solution mise sur la table vient de Suède : établir une liste de référence des génériques selon les maladies. Créer des groupes d’échanges permettrait également de freiner le réflexe médicamenteux pour  conseiller sur l’hygiène de vie, comme le font les Pays-Bas depuis des années.

Le pharmacien pourrait aussi, selon la note, s’établir comme un véritable relais au médecin. Il devra être capable de donner des conseils, d’informer concrètement sur la posologie (l’étude de modalité de prise d’un médicament et son dosage) ou les effets secondaires. Enfin, il préparerait les doses individuelles pour chacun, une mission de l’avenir en vue du vieillissement de la population. Tout cela évite à la fois une automédication inefficace, et la surdose de médicaments.

Plus on prend de médicaments, plus on est malade

Les médicaments en masse sont dangereux. Outre le coût énorme et la crainte des addictions, cela permet aux microbes d’être plus résistants. Ils se renforcent, se renforcent encore, attendent patiemment le virus, l’épidémie ou un simple coup de mou de votre part pour vous attaquer, et vous faire tomber malade. C’est ce qu’à constater un rapport des autorités sanitaires aux États-Unis, et que la France a aujourd’hui décidé de prendre en compte.

Souvent les antibiotiques sont prescrits trop longtemps, et sans avoir fait de tests au préalable. Les hôpitaux connaissent le même phénomène. Une étude états-unienne des Centers for disease control and prevention dont s’inspire la France termine en affirmant que « réduire de 30% les antibiotiques les plus utilisés pour traiter des diarrhées potentiellement, pouvait réduire ces infections de 26% ». À noter que ces infections nosocomiales sont responsables de 14.000 décès par an aux États-Unis, un chiffre non négligeable pour une simple baisse de consommation des petits cachets.

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L'auteur
Clémentine Billé

Bio

Clémentine Billé est rédactrice, spécialisée dans les questions sociétales relatives à la santé.Voir plus

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