Don de lait maternel, une pratique populaire, mais à risque

L’Organisation mondiale de la santé recommande l’allaitement maternel exclusif pendant les six premiers mois de vie de l’enfant. De par la richesse et la variété de sa composition, le lait maternel est unique et représente incontestablement la meilleure alimentation pour un enfant. Ses nombreux bienfaits sont scientifiquement prouvés.

Un phénomène récent aux dangers sous-estimés par les mères

Les vertus du lait maternel ne sont plus à prouver. À l’inverse du lait de vache et des diverses préparations industrielles, il contient des protéines spécifiques qui protègent bébé de certaines infections et transportent le fer dans son organisme. Outre l’immunité, différentes études ont établi un lien de causalité entre le développement cérébral et l’allaitement.

Malheureusement, les bienfaits du lait maternel et de l’allaitement ont conduit à l’apparition d’une pratique dangereuse depuis quelques années. Il s’agit du don informel de lait maternel. Nikita Sood, chercheuse au Centre médical pour enfants Cohen, à New York, alerte d’ailleurs sur les dangers de ce phénomène populaire et répandu, après avoir analysé 122 commentaires sur le sujet sur les réseaux sociaux.

La chercheuse a aussi discuté sur Facebook avec 650 mères à propos du don informel de lait maternel. Près de 50 % de celles qui le pratiquent ne sont pas conscientes des problèmes de sécurité et les risques pour leurs enfants. Environ 80 % d’entre elles ont aussi une confiance aveugle en l’état de santé des donneuses. 

Une pratique autorisée, mais strictement règlementée par la loi

Concrètement, le don informel de lait maternel existe depuis toujours. Il signifie le partage de lait maternel entre les membres d’une même famille ou les amis. Par contre, l’utilisation des réseaux virtuels constitue la « nouveauté ». Ils contribuent fortement à la progression de cette pratique à risque entre des personnes ne se connaissant même pas.

Pourtant, le don formel de lait humain est strictement encadré et le don informel déconseillé. En France, si la loi n’interdit pas le partage ou le don informel, elle défend formellement sa vente. Dans le cadre d’un partage, la donneuse ne fait pas l’objet de contrôle microbiologique, sérologique et toxicologique. Ce qui expose l’enfant à d’importants risques sanitaires.

À l’heure actuelle, les lactariums sont les seules structures autorisées à collecter, traiter et distribuer du lait maternel provenant de dons anonymes. Or, en dehors du circuit officiel, il peut contenir des bactéries et des virus comme l’hépatite B et le VIH. En plus, le lait humain non contrôlé peut abriter des germes et des toxiques comme le tabac et l’alcool.