Suggestions

Spécialités les plus consultées

Suggestions

Choisissez une région

Espace Pro
/ / Rasagiline : pourquoi ce traitement contre Parkinson peut provoquer des orgasmes spontanés

Rasagiline : pourquoi ce traitement contre Parkinson peut provoquer des orgasmes spontanés

Rédigé par , le 19 August 2014 à 10h20

Vous aimez cet article ?
rasagiline parkinson traitement effets secondaires effets indésirables dopamine cerveau orgasmes spontanés

C’est un effet secondaire bien embarrassant qu’a connu une femme turque de 42 ans : son traitement anti-Parkinson lui déclenchait jusqu’à cinq orgasmes spontanées par jour. Un cas très particulier relaté par des chercheurs de l’Université Necmettin Erbakan de Konya (Turquie), dans Parkinsonism & Related Disorders.

Un traitement visant à maintenir le niveau de dopamine dans le cerveau

Pour comprendre comment ce traitement a pu générer de tels effets indésirables, rappelons quelques points sur la maladie de Parkinson. Il s’agit d’une maladie neurodégénérative qui affecte le système nerveux central (le cerveau et la moelle épinière) et qui se traduit par d’importants troubles moteurs. Cette maladie cible une zone du cerveau où sont fabriqués des neurones libérant un messager chimique notamment impliqué dans le contrôle des fonctions motrices : la dopamine. Lorsque ces neurones sont détruits, on observe un déficit en dopamine, ce qui entraîne plusieurs dysfonctionnements comme la perte de contrôle des fonctions motrices, caractéristique de la maladie de Parkinson.

Le meilleur traitement connu à ce jour consiste donc à maintenir un niveau correct de dopamine dans le cerveau. Comme beaucoup de patients parkinsoniens, cette jeune femme a reçu un traitement à base de rasagiline, une molécule qui inhibe certaines enzymes chargées de dégrader la dopamine dans le cerveau. En rétablissant le taux normal de dopamine dans le cerveau, ce médicament permet d’éliminer les symptômes causés par la maladie.

Des orgasmes spontanés et répétés, de trois à cinq fois par jour

Comme tous les médicaments, la rasagiline n’est pas dépourvue d’effets secondaires : mouvements involontaires (dyskinésies), maux de tête, symptômes pseudo-grippaux, vertiges, constipation ou encore sècheresse buccale.

Mais après sept jours de traitement, la jeune femme commence à ressentir des effets indésirables inhabituels : une augmentation soudaine de la libido et des orgasmes intempestifs. Elle ressent alors, sans raison, 3 et 5 orgasmes par jour, d’une durée comprise entre 5 et 20 secondes. Au bout de 10 jours, son embarras est tel qu’elle est admise à l'hôpital.

L'équipe médicale lui conseille alors d'arrêter temporairement le traitement. Sans surprise, les orgasmes spontanés cessent. 15 jours plus tard, elle reprend le traitement et tout recommence.

Une sur-stimulation en dopamine

D’après les chercheurs, ces orgasmes seraient le résultat d'une sur-stimulation des neurones dopaminergiques. Car il faut savoir que la dopamine, outre son rôle dans le contrôle des fonctions motrices, est aussi impliquée dans la sensation de plaisir : les neurones libérant de la dopamine entrent en jeu lorsque la personne éprouve du désir ou du plaisir. La dopamine joue par conséquent un rôle essentiel dans le circuit de la récompense et la dépendance : l’arrivée d’un signal annonçant une récompense libère de la dopamine dans différentes régions du cerveau, provoquant un comportement gratifiant qui fournit une motivation nécessaire pour une nouvelle recherche de récompense.

Un cas unique ?

D’après les médecins, il s’agit d'une première déclaration de ce type, concernant ce médicament. Pourtant en 2009, des chercheurs canadiens rapportaient le cas d’un homme de 65 ans traité à la rasagiline, qui connaissait des éjaculations spontanées, sans même être en érection, toutes les dix minutes pendant une demi-heure...

Il y a quelques années, un autre antiparkinsonien était l’objet de déclarations d’effets secondaires concernant de fortes addictions au sexe et aux jeux d’argent. Ce traitement visant lui aussi à rehausser le niveau de dopamine, perturbait de la même façon le fonctionnement du système de récompense. Un effet indésirable dont les patients se seraient bien passés…

Vous aimez cet article ?
L'auteur
Marie Penavayre

Marie Penavayre

Rédactrice

commentaires