Hypersexualité, un terme ambigu aux conséquences majeures

La sexualité constitue un besoin essentiel chez tout être humain. Néanmoins, il arrive qu’elle devienne déviante chez certains individus et provoque une perte de contrôle. L’hypersexualité affecte les deux sexes. Elle est susceptible d’entrainer des conséquences dramatiques tant pour les personnes qui en souffrent que pour leurs proches. 

Hypersexualité, des pensées et des comportements envahissants

L’hypersexualité représente un invariant des sociétés humaines. Seules ses qualifications ont varié en fonction des époques. Pourtant, la définir n’est pas non plus chose facile. D’ailleurs, des pensées sexuelles récurrentes avec des envies sexuelles pressantes chez une personne sont insuffisantes pour établir un diagnostic. Il est impératif que celles-ci aient des retentissements sur son quotidien et provoquent des souffrances pour son entourage.

Pour les sexologues modernes, l’hypersexualité est un comportement sexuel se traduisant par une libido excessivement active. Pouvant tourner jusqu’à l’obsession, elle a des effets négatifs sur la vie sociale du patient. Aussi connue sous l’appellation de sexualité compulsive, elle se manifeste par la recherche continue et persistante du plaisir sexuel qui débouche sur une perte d’autonomie.

Selon le Pr Florence Thibault, chercheuse à l'INSERM ou Institut national français de la santé et de la recherche médicale, l’hypersexualité est une maladie qui toucherait entre 3 et 6% de la population sexuellement active. Elle concerne en majorité les hommes. Et 80% des patients sont de sexe masculin. Cependant, hommes et femmes souffrent dans les mêmes conditions.

Hypersexualité, des causes variées et des répercussions graves

Les scientifiques ont identifié plusieurs causes possibles de l’hypersexualité. La première est d’origine psycho-affective causée par un manque d’amour ou une forte carence affective. La seconde est neurologique. Des dommages sur le système limbique engendrent d’importantes préoccupations sexuelles. La dernière est médicamenteuse. Certains antiparkinsoniens ont en effet la réputation de favoriser les comportements sexuels addictifs.

Que ce soit sur le plan personnel ou professionnel, les répercussions de cette pathologie sur la vie des patients peuvent être tragiques. D’après une étude menée sur 207 individus atteints d’hypersexualité, 17% ont déjà été confrontés à un licenciement. 28% ont contracté au moins une fois une infection sexuellement transmissible et 39% ont vu leur histoire d’amour se finir par une rupture.

Par ailleurs, une autre étude réalisée en 2012 par le Pr Rory Reid, à l’origine de l’échelle HBI ou Hypersexual Behavior Inventory, révèle une survenue précoce de la pathologie. Chez 54% des 157 patients étudiés, l’hypersexualité est apparue avant leurs 18 ans. Pour 30%, elle s’est manifestée entre 18 et 25 ans. Fort heureusement, des thérapies efficaces existent.