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La croisade de l'OMS contre les substituts à la cigarette

Rédigé par , le 27 September 2016 à 16h00

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La lutte contre le tabagisme est une priorité des gouvernements comme des institutions internationales en charge de la santé, OMS en tête – et il faut s'en féliciter. Souvent élevée au rang de croisade, cette lutte conjugue hélas la pertinence des objectifs poursuivis avec le dogmatisme, pour ne pas dire le sectarisme, des moyens employés afin de les atteindre.

« La FCTC n'a pas remporté un succès interstellaire »

Créée en 2004, la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte contre le tabagisme (FCTC, en anglais) se propose de « protéger les générations actuelles et futures contre les conséquences désastreuses de la consommation et de l'exposition à la fumée du tabac en matière sanitaire, sociale, environnementale et économique ». Vaste et fort louable objectif ; mais qui, pour l'heure, tient davantage du slogan qu'il ne relève d'une quelconque réalité. Depuis la mise en service de la FCTC, jamais le nombre de fumeurs n'a été aussi important dans le monde, le tabagisme séduisant de nouveaux adeptes, majoritairement gagnés au sein des pays en développement, ou encore en Chine.

Dans ce dernier pays, la prévalence du tabagisme a ainsi augmenté de 0,2 % par an entre 2006 et 2012 et, alors qu'elle baissait au niveau mondial depuis les années 1980, elle repart à la hausse depuis 2006. Las, ces zones régionales étant précisément celles que cible la FCTC, on comprend mieux pourquoi les analystes de la Reason Foundation, au cours des pages issues d'un rapport (septembre 2016) au vitriol sur la politique anti-tabac de l'OMS, considèrent avec ironie que « la FCTC n'a pas remporté un succès interstellaire » dans l'accomplissement de ses objectifs.

Sous la plume de Julian Morris, le rapport de la Reason Foundation ne prend pas de gants, quand il s'agit de critiquer le « tout ou rien » qui caractérise l'approche de l'OMS en matière de réduction des risques. Pour Morris, vice président de la recherche de la Reason Fondation, la seule alternative proposée par la FCTC aux fumeurs est « d'arrêter la cigarette ou d'en mourir ». Une forme d'imprécation parfaitement contreproductive, qui garde bruyamment le silence sur l'ensemble des nouvelles technologies, telles que les cigarettes électroniques ou les inhalateurs de tabac sans combustion, qui ont pourtant fait leurs preuves. Si l'OMS reste sourde aux témoignages des millions de « vapoteurs » qui ont diminué, voire arrêté, leur consommation de cigarettes, on ne s'explique toujours pas pour quelles raisons elle continue d'ignorer les avis de la communauté scientifique.

Le Collège royal de physique britannique a ainsi conclu, dans un récent rapport, que vapoter était « au moins 95 % plus sûr » pour la santé que fumer. Les scientifiques anglais recommandaient de généraliser la distribution des cigarettes électroniques, et incitaient même les médecins à en conseiller l'usage à leurs patients fumeurs. Mais alors que les taux de primo-tabagisme ont chuté plus rapidement partout où les cigarettes électroniques sont en libre accès, « l'opposition de l'OMS à la réduction des méfaits du tabac est malhonnête et menace la santé publique », conclut Julian Morris.

En Suède, 5 % de fumeurs seulement

S'il est un pays qui a fait de la réduction des risques une fierté nationale, c'est bien la Suède. Bon an mal an, le Royaume scandinave s'achemine vers ce que les experts qualifient de « fin de partie » en matière de tabagisme, c'est-à-dire un taux de fumeurs égal ou inférieur à 5 % de la population. Avec seulement 6 % des jeunes Suédois qui fumaient régulièrement en 2015, le pays dame le pion au Royaume-Uni, par exemple, où ils sont plus de 25 % de cette tranche d'âge à s'adonner à la cigarette.

Cette fantastique réduction de la consommation de cigarettes ne tient pas à un miracle boréal, mais au fait que tous les moyens (de réduction des risques) soient mis en œuvre dans le pays pour détourner la jeunesse de la cigarette. Un succès qui pourrait inspirer en haut lieu, si seulement on voulait bien y prendre la peine d'observer la réalité du terrain, ce qui ne semble pas être le cas.

Il est en effet à craindre qu'isolée dans sa tour d'ivoire, l'OMS n'en ait cure. Les dernières nouvelles de l'organisation genevoise laissent entendre qu'elle demandera l'alignement des régulations concernant les cigarettes électroniques et les inhalateurs de tabac sans combustion sur celles qui régissent déjà les cigarettes classiques. Pire encore, l'OMS aurait pour projet d'interdire toute publicité vantant les mérites de ces nouveaux dispositifs. D'une croisade au fanatisme, l'Histoire a prouvé qu'il n'y avait souvent qu'un pas, pas que l'OMS semble sur le point de franchir. Au plus grand malheur des fumeurs, et surtout de ceux d'entre eux qui souhaitent un jour pouvoir écraser leur dernière cigarette.

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