Cytotec, retiré de la vente à partir de mars 2018

Sur le marché depuis 1986, le Cytotec est prescrit comme traitement des ulcères gastriques. Pourtant, le laboratoire pharmaceutique Pfizer France vient d’annoncer à l’Agence nationale de sécurité du médicament le retrait de la vente de ce médicament du marché français. Cette décision sera effective à partir de mars 2018. 

Utilisation hors autorisation de mise sur le marché

A l’origine, le Cytotec a été créé pour traiter les ulcères d’estomac. Cependant, son usage en gastro-entérologie est rare. Contenant du misoprostol, ce médicament est largement utilisé en gynécologie, hors autorisation de mise sur le marché. Les gynéco-obstétriciens ont recours au Cytotec afin de déclencher l’accouchement artificiel d’un fœtus viable. Ils s’en servent aussi pour l’interruption volontaire de grossesse.

Initialement, le Cytotec se prend par voie orale. Par contre, ce médicament est administré par voie vaginale en gynécologie. Cet usage détourné comporte des risques graves pour la mère et son enfant. D’après le gynéco-obstétricien Thierry Harvey, ces risques sont liés au surdosage. Le Cytotec, dosé à 200 microgrammes, se présente sous forme de comprimé de moins de 1cm. Or, seulement un huitième devrait être utilisé.

En 2013, l’Agence nationale de sécurité du médicament a publié une mise en garde contre les usages gynécologiques du Cytotec. Ce médicament est susceptible de causer des contractions trop fortes qui entrainent une rupture de l’utérus et une hémorragie. De même, le Cytotec peut engendrer une mauvaise oxygénation de l’enfant.

Mise en danger d’autrui pour des raisons financières

L’utilisation du Cytotec pour déclencher l’accouchement d’un enfant viable est une pratique dangereuse. Néanmoins, les gynéco-obstétriciens optent pour cette solution pour des raisons purement financières. Normalement, ils utilisent des médicaments à base de prostaglandines, en tampon ou en gel mais ces derniers reviennent plus chers que le Cytotec. L’idéal serait de disposer de misoprostol dosé à 25, 50, etc.

Une enquête de pharmacovigilance menée en 2012 a révélé que le Cytotec est 30 fois moins cher que les alternatives pharmaceutiques disponibles actuellement telles que le Gymiso. Ce médicament n’est ainsi prescrit par les gynéco-obstétriciens que dans seulement 8% des cas. Pourtant, le Gymiso a bien reçu son autorisation de mise sur le marché pour une utilisation en gynécologie.

Constatant l’absence de décision politique, le laboratoire pharmaceutique Pfizer France a pris unilatéralement la décision de retirer son produit de la vente. Fin 2016, la responsabilité de la maternité de Poissy a été reconnue dans le handicap d’un jeune homme dont la mère s’est vu administrer du Cytotec par voie vaginale au moment de son accouchement.