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Bébés « OGM », condamnation unanime des scientifiques

Rédigé par , le 30 November 2018 à 11h42

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2 nouveaux-nés chinois auraient été génétiquement modifiés.

2 nouveaux-nés chinois auraient été génétiquement modifiés.

He Jiankui, scientifique chinois, a annoncé lors du second Sommet International sur l’Edition du Génome à Hong Kong la naissance des premiers bébés génétiquement modifiés au monde. L’ADN des deux jumelles, surnommées Lulu et Nana, a été modifié pour qu’elles résistent au VIH. La communauté scientifique a unanimement condamné cette annonce.

Affirmation invérifiable et ouverture d’une enquête en Chine

Afin de rendre les jumelles résistantes au virus du Sida, dont leur père est infecté, He Jiankui a recouru à la technique de manipulation génétique appelée Crispr-Cas9. Elle est utilisée dans le domaine de la thérapie génique. Cet outil dit des « ciseaux génétiques » permet d’intervenir de façon ciblée sur le génome pour enlever et remplacer les parties indésirables.

Plus précisément, He Jiankui est intervenu sur le gène CCR5 qui constitue la porte d’entrée du VIH. Néanmoins, l’affirmation du scientifique chinois reste invérifiable à ce jour. Pour cause, ses travaux n’ont fait l’objet d’aucune publication dans une revue indépendante. D’ailleurs, de nombreux chercheurs doutent de l’authenticité de son annonce et soupçonnent un simple coup de bluff.

De leur côté, les autorités chinoises n’ont pas tardé à réagir et demander l’arrêt immédiat des expérimentations. En plus, la Commission Nationale de la Santé a ordonné une enquête pour établir les faits et vérifier la véracité des déclarations de He Jiankui. Même l’établissement où il a travaillé, l’Université de Sciences et Technologie du Sud, l’a désavoué.

Risques de dérives et nécessité d’une régulation internationale

Mis au point par Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna, Crispr-Cas9 permet de réaliser des modifications génétiques comme un simple « copier-coller » sur ordinateur. Ce qui ouvre la voie à toutes les dérives. He Jiankui a franchi la ligne rouge en mutant un gène sain au lieu de réparer un gène muté à l’origine de maladie grave.

Sa démarche est d’autant plus incompréhensible qu’il existe d’autres techniques, efficaces et moins risquées, afin de prévenir la transmission du virus du Sida. Comme le père suit déjà un traitement antirétroviral, le risque de transmettre le VIH à sa femme et ses enfants est nul. Or, Crispr-Cas9 n’est pas fiable à 100%. Ainsi, les jumelles peuvent développer une susceptibilité accrue à certaines maladies.

Même si l’annonce de He Jiankui est encore à vérifier, elle rappelle la nécessité et l’urgence d’une règlementation internationale sur la modification du génome. Une telle entreprise doit être considérée avec une grande prudence. Les mutations étant irréversibles et transmissibles aux générations futures, il est impératif de mener des « recherches responsables ».

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La Rédaction

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