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Soulager son cancer avec le LSD : une initiative du psychiatre Peter Gasser

Rédigé par , le 07 March 2014 à 12h04

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Peter Grasser, psychiatre Suisse

Peter Grasser, psychiatre Suisse

Le psychiatre suisse Peter Gasser a utilisé sur 12 de ses patients atteints de cancer le LSD. Cela soulagerait leur angoisse. Le corps médical commence à réagir autour de lui. Le docteur Edouard Bougueret nous a fait part de ses premières impressions.

Le LSD soigne. C’est ce qu’avance Peter Gasser, psychiatre et psychothérapeute suisse. Il a testé le produit sur douze patients atteints de cancer à des stages avancés. D’après son étude parue dans le Journal of Nervous and Mental Disease, son initiative a permis aux patients une baisse de l’anxiété de 20%.

Soigner les patients en analysant leurs hallucinations

« Pour moi, c’est un catalyseur, un outil qui peut être utile en thérapie. » déclare-t-il dans une interview au Matin, journal suisse. Il précise que ce n’est en rien un médicament car la substance ne soigne pas, pas plus qu'il ne coupe les symptômes. Il s’agit d’une aide pour supporter les difficultés et les angoisses induites par la maladie, qui ne peut en rien être utilisé chez soi, ou être prescrit sur simple ordonnance. Là est l’une des différences avec le cannabis, stupéfiant en voie de démocratisation.

Quel est l’intérêt alors ? Le médecin accompagne réellement son patient selon Peter Gasser. Il explique alors : « La dose – 200 microgrammes – était ingérée dans mon cabinet. Le patient était couché sur un matelas ou assis, dans un environnement paisible. » L’effet dure en moyenne dix heures. Si le patient est la majeure partie du temps calme, il a quelques phases de crise avec des hallucinations, par exemple. Il confie qu’une des personnes a même vu le diable. Inquiétant ? Selon ce psychiatre, le patient se sent mieux quelques temps après. Peter Gasser débriefe le jour après l’expérience avec le malade. «  Sur le moment je suis un steward, je fais partie du personnel de cabine. Le pilote, c’est le patient et le LSD, moi je ne connais pas la destination. » ajoute-t-il.

Le corps médical refuse l’utilisation des psychotropes dans leur thérapie

Malgré les convictions de ce psychiatre, le corps médical suisse a très mal réagi. « Le LSD n’est pas le diable » affirme Peter Gasser. Peut-être, mais selon les autres médecins suisses, utiliser de telles substances est intolérable. Les effets sont incontrôlables, et cette initiative solitaire aurait pu dégénérer. La nouvelle ne semble pourtant pas avoir traversé la frontière française.

Le LSD diminuerait l'angoisse des malades du cancerLes médecins de l’hexagone que nous avons essayé de contacter ne s’étalent pas sur le sujet car ils méconnaissent l’étude. Le psychiatre Edouard Bougueret a en revanche partagé ses réactions à l’annonce de la nouvelle. « Je ne peux pas émettre d’avis experts, mais tout d’abord cela dépend des conditions : est-ce un cancer en phase terminale ou bien encore les patients ont-ils un problème psychologique à la base ? ». Il ajoute : « dans l’idée, je suis plutôt opposé, c’est quand même un psychédélique qui provoque des hallucinations et peut amener un passage à l’acte impulsif ». Peter Gasser assure concentrer tous ses efforts sur la sécurité du patient. Il reste à ses côtés durant toute la durée de l’emprise, lui parlant et jouant de temps en temps de la musique.

Edouard Bougueret explique qu’à la limite, seul un cadre hospitalier très contrôlé qui assurerait une sécurité optimale permettrait ces expériences. D’une manière générale, il estime que « pour le cancer (…) la gamme des accompagnements psychologiques est suffisamment grande pour ne pas avoir besoin d’utiliser le LSD comme accompagnement. » Il conclut ensuite «  Ce sont des gens qui n’ont pas une formation et une écoute suffisante qui ont besoin d’utiliser cette drogue pour pouvoir accompagner leur patient ». Quant au docteur Peter Gasser, il admet que son initiative ne pourra surement jamais être démocratisée. Elle n’est pas synonyme de profit pour les industries pharmaceutiques car les doses sont très faibles, et les universités n’oseront pas par « crainte d’être liées à ce produit à la réputation sulfureuse qui suscite beaucoup de rejet. »

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L'auteur
Clémentine Billé

Bio

Clémentine Billé est rédactrice, spécialisée dans les questions sociétales relatives à la santé.Voir plus

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